La Commission européenne a demandé hier aux Etats de l'UE de prendre en charge sous deux ans 40 000 candidats à l'asile syriens et érythréens arrivés en Grèce et en Italie, et les a appelés à accueillir dans le même délai 20 000 réfugiés. «Nous voulons assurer un minimum de solidarité» au sein de l'Union européenne face à l'afflux de migrants et demandeurs d'asile en Méditerranée, «mais il n'est pas question» que cette mesure soit généralisée, a souligné le commissaire à l'Immigration, Dimitris Avramopoulos. Ces mesures doivent désormais être approuvées par les Etats, plutôt réticents. Le mécanisme de relocalisation concernant les Syriens et Erythréens s'appliquera à 40 000 d'entre eux, arrivés en Grèce et en Italie après le 15 avril, a-t-il précisé. Partager un chiffre inférieur «n'aiderait pas l'Italie et la Grèce», a souligné le commissaire grec. La répartition doit se faire en fonction d'une clé prenant en compte la population et le PIB des Etats, leur taux de chômage et le nombre de demandeurs d'asile déjà accueillis. Ces critères sont «pertinents et objectifs», a assuré M. Avramopoulos. La prise en charge des 20 000 personnes reconnues comme ayant besoin d'une protection internationale et actuellement installées hors d'Europe se fera également en fonction d'une clé de répartition. La Commission européenne souhaite que ces deux témoignages de solidarité soient obligatoires, mais faute de base juridique les réponses à la demande pour la réinstallation de réfugiés pourrait se faire seulement sur une base volontaire. «Il s'agit d'une solidarité minimale», a insisté M. Avramopoulos. Chaque Etat peut faire davantage ce que la Commission lui recommande de faire pour la prise en charge, a-t-il affirmé. «Nous ne proposons pas de quotas», a-t-il insisté en déplorant «les malentendus» créés par une «mauvaise interprétation» de ces propositions «dans certains Etats et dans certains medias». «Ce que nous proposons, c'est une répartition équitable des migrants ayant besoin d'une protection internationale», a-t-il expliqué. «Chaque Etat reste libre d'accorder ou non cette protection aux demandeurs d'asile qu'il aura pris en charge au titre de cette solidarité», a-t-il ajouté. Par ailleurs, le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon a réitéré hier ses réticences face à l'opération navale de lutte contre les trafiquants de migrants en Méditerranée mise sur pied par l'Union européenne (UE). «Il y a peut-être d'autres façons» de régler la crise des migrants, a estimé M. Ban après une rencontre avec le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, rappelant sa «préoccupation quant à l'idée de détruire les bateaux» utilisés par les passeurs. Ces bateaux servent aussi souvent à la pêche. «Quand on envisage de détruire des bateaux, cela pourrait conduire in fine à priver des gens de moyens de subsistance qui sont déjà très limités», a jugé M. Ban.