Le chef du RND s'impose à l'opinion et à la classe politique comme un leader crédible et reconnu pour ses compétences d'homme d'Etat. Saâdani réduit l'initiative d'Ahmed Ouyahia à sa plus simple expression. A en croire le secrétaire général du FLN, il n'y aura pas d'Alliance présidentielle. En tout cas, pas comme l'entrevoit le nouveau chef du RND. Annoncé comme un facteur de stabilité et de cohérence de la composante partisane au pouvoir, le pôle politique, tel que préconisé par Ahmed Ouyahia, a pour principale ambition d'amener le débat sur un terrain clair où s'affronteraient deux groupes homogènes, ceux du pouvoir et de l'opposition. Il faut dire que pareille configuration existe déjà. On en a pour preuve, que les chefs des partis présents au gouvernement ont tous fait le déplacement à la Coupole lors du congrès du FLN. D'un autre côté, le congrès du parti de Benflis a vu une participation massive de toutes les formations politiques de l'opposition, que celles-ci soient de la Cnltd ou du Pôle du changement. En d'autres termes, les mutations que subit la scène nationale rend le principe de " pôles " impératif pour l'épanouissement politique en Algérie. D'ailleurs, les partis de l'opposition qui "osent" le concept d' "alternative" en cas de chute brutale du régime, sentent un début de maturité de leur démarche d'unification. Il faut dire que la mue de l'opposition est aussi un facteur déterminant pour la stabilité du pays, d'autant plus que ses rangs sont renforcés par un apport de compétences en matière de gouvernance. D'anciens ministres et députés ont les deux pieds dans l'opposition et disent pouvoir accuser le coup en toutes circonstances. L'initiative de Ouyahia vient rétablir un équilibre, permettre un exercice cohérent et serein du pouvoir et surtout donner du sens à une scène politique qui cherche désespérément à tester l'alternance au pouvoir dans un cadre légal et pacifique. Il se trouve que la réponse de Amar Saâdani donne un coup de frein à cette dynamique «naturelle». Et pour cause, le secrétaire général du FLN part d'un principe quasi inexistant de par le monde moderne, à savoir qu'une formation ultramajoritaire prend tous les leviers du pouvoir et s'il peut exister une coalition partisane, celle-ci évoluera sous la bannière exclusive du parti qu'il dirige. Si cette attitude «tue dans l'oeuf» toute velléité de construire une classe politique responsable et prête à exercer l'alternance au pouvoir, elle n'en cache pas moins une méfiance vis-à-vis de l'émergence sur la scène politique proche du pouvoir d'un discours apprécié par l'opinion nationale et fédérateur des forces politiques présentes au gouvernement. Il faut dire que le retour de Ouyahia a véritablement fait sensation. L'homme s'impose à l'opinion et à la classe politique comme un leader crédible et reconnu pour ses compétences d'homme d'Etat. Ouyahia a d'ailleurs fait l'événement et sa proposition d'alliance présidentielle a recentré une scène politique qui allait dans tous les sens. On est même amené à penser que la prestation de Ouyahia a relégué le congrès du FLN au second plan. En un mot comme en mille, Ouyahia a été le redresseur des torts commis par Saâdani. En apportant un soutien clair et indéfectible aux services de renseignement et à leur chef, le général Toufik, Ahmed Ouyahia rétablissait les choses, ce qui n'était pas pour plaire au secrétaire général du FLN qui y a peut être vu un autre «front». Cela étant dit, l'attitude de Saâdani n'est pas nouvelle, puisqu'il a rangé l'initiative du consensus du FFS dans la même case, à savoir «je dirige tout, ou rien ne se fera». De fait, le secrétaire général du FLN est devenu un élément de blocage de toute émancipation politique dans le pays. L'idée que son parti est et demeurera l'éternelle formation majoritaire de la scène nationale est porteuse de danger, au sens où ses calculs ne vont pas au-delà de 2017. Il est clair qu'en refusant l'alliance version Ouyahia, le patron du FLN ne rend pas service au président de la République.