Le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Amar Saâdani, a rejeté indirectement la proposition d'Ouyahia qui avait appelé, à l'issue de son plébiscite à la tête du RND, à un rassemblement des partis de la majorité par le rétablissement de l'Alliance présidentielle, où seraient présents les principaux partis du pouvoir, à savoir le FLN, RND, TAJ et MPA. S'exprimant lors d'une conférence de presse, animée, hier à l'hôtel El Aurassi (Alger), Saâdani a affirmé que le FLN refuse une alliance «à la traditionnelle», proposant à la place un «front national élargi» de soutien au président de la République qui sera constitué, en plus des partis politiques, d'associations ayant toujours soutenu le programme et respecté les orientations du président. L'alliance à laquelle a appelé M. Ouyahia «est prématurée», a estimé Saâdani. Selon lui, «le pôle d'Ouyahia viendra après la constitution du «front» et nous avons deux conditions pour y prendre part», dit-il. «Il faut que le FLN soit la locomotive, parce qu'il est le parti majoritaire, et il faut que l'alliance soit constituée autour de lois, de projets, de débats et non des personnes ou d'autres entités», détaille Saâdani. Il a ajouté, dans le même contexte, qu'il n y a pas de conflit de positionnement au pouvoir entre les deux partis. Evoquant les critiques de certains chefs de partis à propos de la lettre de soutien que lui a adressée le vice-ministre de la Défense et chef de l'état-major de l'Armée, Ahmed Gaïd Salah, le SG du FLN a indiqué d'un ton ferme qu'elle ne transgresse en aucune façon la Constitution. «Il s'agit simplement d'une lettre de félicitation concernant la réussite du congrès. Mais les chefs de partis ayant critiqué cette démarche, je leur répondrai qu'ils sont les premiers à avoir transgressé la Constitution, sinon qui a demandé l'intervention de l'armée pour faire un coup d'état au président?», s'est-il interrogé. «Ce sont Sofiane Djilali, MSP et Benflis qui ont demandé l'application de l'Article 88 de la Constitution pour provoquer un coup d'Etat, alors que Bouteflika était hospitalisé à Val de Grâce, mais Gaïd Salah avait refusé que l'armée intervienne. Il a refusé le coup d'Etat contre la légalité constitutionnelle», assène Saâdani. Louisa Hanoune, la patronne du Parti des travailleurs a eu la part du lion des critiques de Saâdani. «Louisa parle de la Constitution alors que c'est elle qui l'a violée en premier et en dernier», accuse-t-il, avant de rappeler: «N'est-ce pas elle qui est partie voir Gaïd Salah (avant la présidentielle, février 2014 ndlr) et qui a fait une déclaration à ce propos ?» «Mais ce qu'elle n'a pas dit à la presse c'est qu'elle a demandé à Gaïd Salah une intervention de l'armée dans le champ politique, mais il a refusé», a assuré Saâdani. Ali Benflis était à l'occasion, également la cible de Saâdani. «Je pense qu'Ali Benflis est la dernière personne qui puisse critiquer le FLN et la lettre de Gaïd Salah», tonne-t-il encore avant de s'interroger : «Au nom de qui parle Benflis ? En son nom personnel ? Il n'a pas le droit. En sa qualité de chef de parti ?». Et Saâdani de recommander à Benflis «de constituer d'abord son parti qui est en maternité, apprendre à marcher et à parler avant de pouvoir dire un mot sur le FLN». Pour Saâdani, ces réactions «rancunières» ne sont que le résultat de la réussite de la tenue du 10e congrès du parti. Interrogé sur la révision de la Constitution qui n'a toujours pas vu le jour, M. Saâdani a proposé la réhabilitation de la scène politique qui, dit-il, permettra à la nouvelle Constitution d'être dévoilée dans de bonnes conditions. «La nouvelle Constitution après sa révision ne pourra passer avec toute cette tension», a-t-il souligné en faisant allusion aux partis de l'opposition qui ont refusé de participer aux consultations. Dans le même sillage, le patron du FLN a affirmé : «nous voudrons bien une opposition forte, une opposition qui propose de l'alternative qui porte un seul slogan». Il a estimé que l'opposition «n'existe que dans les journaux». «C'est une opposition dont le seul slogan est de dire non. Elle attend que les élections aient lieu pour les contester. C'est une opposition qui n'a pas d'alternative. Je souhaite qu'il y ait une véritable opposition autour de programmes et lors des débats. Il lui faut respecter la légitimité populaire», a-t-il dit. S'agissant du parti, le SG du FLN a indiqué qu'en ce qui concerne la confusion sur la liste du Comité central, celle qui a été dévoilée lors du 10e congrès n'était pas définitive, puisque, dit-il, celle-ci a fait l'objet de recours, citant à titre d'exemple des élus qui ne remplissaient pas les conditions adéquates. Selon M. Saâdani, la nouvelle composante du bureau politique du parti, qui n'a toujours pas été constituée, se fera selon les résultats du congrès qui promet un rajeunissement. Concernant la situation au sein du FLN, Amar Saâdani estime que le débat a été clos après le dernier congrès du parti. «Je ne veux plus parler d'une quelconque contestation au FLN», a indiqué Amar Saâdani. Pour les opposants qui contestent les décisions du parti, «il y a les structures du parti pour qu'ils s'expriment. Sinon, nous n'hésiterons pas à porter plainte contre eux», a-t-il menacé.