«J'ai été tabassé violemment et à coups répétés. J'ai perdu énormément de sang. Je fus ensuite ligoté, les yeux bandés et mon corps baignait dans une mare de sang.» Son aventure est devenue pour lui un véritable cauchemar. Hakem Abdelkader, un citoyen algérien originaire de Tighennif (Mascara) affirme avoir été torturé dans les locaux de la police libyenne. En racontant le triste scénario qui a fait de lui un «misérable vagabond», M.Hakem n'arrive toujours pas à accepter le mauvais sort qui lui a été réservé sur le territoire d'El Djamahiria. En effet, tout a commencé un certain 21 mars 2002, lorsque Abdelkader décide de quitter le sol algérien pour aller à la recherche d'un avenir meilleur. Sa destination finale n'était autre que la terre libyenne. Pour subvenir aux besoins de sa famille, M.Hakem a loué un café-restaurant à Tripoli et a embauché certains membres de sa famille. Quelques mois plus tard, il fut embarqué par des agents de la police libyenne. «Je ne savais pas pour quel motif on m'a interpellé. Je suis sûr que toutes les procédures de mon installation étaient légales», a-t-il attesté. «Dans le centre de police d'Es Saâdi, mon ex-femme était là. Je savais qu'elle était sans aucun doute, derrière mon arrestation». Plus explicite, notre interlocuteur affirme que c'est son ex-épouse qui aurait déposé plainte contre lui pour qu'elle puisse récupérer les enfants. «Au sein du commissariat, l'inspecteur m'a obligé de signer un document qui garantit à ma femme son plein droit de la garde de nos deux enfants». Un droit qui lui a été refusé par le parquet algérien et les services de l'état civil relevant du Consulat général d'Algérie en Libye. «Avec la complicité de deux policiers libyens», M.Hakem déclare avoir été victime d'un complot fomenté par son ex-femme. Cette dernière l'accuse d'un vol que lui-même conteste obstinément. «L'histoire du vol n'a jamais eu lieu, c'est un coup monté pour m'arrêter et m'obliger à coups de poing à signer le document en question». Il fut de nouveau embarqué et ramené de force vers la brigade. C'est alors que l'horreur commença. «Je fus l'objet d'actes de torture inhumains». «J'ai été tabassé violemment et à coups répétés. J'ai perdu énormément de sang. Je fus ensuite ligoté, les yeux bandés et mon corps baignait dans une mare de sang», raconte M.Hakem. Ce dernier, en vue de persuader les agents de police de son innocence, les informe qu'il est un ex-élément de la Sûreté nationale algérienne. Cette révélation n'a fait que jeter de l'huile sur le feu. Le supplice a été redoublé. «J'ai été écroué durant sept jours dans les locaux de la police. On n'a pas cessé tout au long de cette période de me harceler, de me battre et de m'intimider. Pire, on a abusé sexuellement de mon ex-femme devant mes yeux». Quelques jours plus tard, Hakem Abdelkader fut conduit dans une autre prison à Tripoli, Ain Zara en l'occurrence. Il fut auditionné par la suite et condamné par le tribunal de la même région. «J'ai été incarcéré uniquement neuf mois, car j'ai bénéficié d'une grâce à l'occasion de l'Achoura». En quittant les geôles, le plaignant a décidé de rentrer en Algérie. Toutefois, les choses ne se sont pas manifestées autrement pour Abdelkader. Il explique: «La police libyenne m'a tout de suite capturé, je fus encore une fois détenu pendant un mois et huit jours au sein du commissariat». «Juste après, la police nous a conduits aux frontières algéro-libyennes, quelques individus que je connaissais pas et moi». Il s'est retrouvé, «en un clin d'oeil» à Dabdab, une localité frontalière du Sud-Est algérien. Son vagabondage sur le territoire libyen a, en effet, tiré à sa fin. D'après ses dires, les éléments de la Gendarmerie nationale l'ont intercepté. Il a été, ensuite, remis aux autorités locales de la même commune, pour le conduire enfin aux services de la Sûreté relevant de la même municipalité. Un rapport a été donc rédigé après avoir entendu les confessions du plaignant. Une copie lui a été remise, a-t-il indiqué. «En se retrouvant sur la terre algérienne, j'ai enfin retrouvé la tranquillité, j'ai été bien accueilli et parfaitement pris en charge par les autorités de Dabdab», a-t-il également déclaré. Est-ce la fin du calvaire? «Certainement pas», réplique-t-il. «J'ai perdu mes enfants et tous mes biens. J'ignore ce qu'il leur est arrivé, je n'ai aucune nouvelle d'eux», témoigne M.Hakem, l'âme déchirée. Le «malheureux» s'est rendu vers sa ville natale (Tighennif) dans l'espoir de trouver une oreille attentive auprès des responsables de la wilaya. Inopportunément, aucune suite n'a été réservée à ses requêtes. Son état de santé se dégradait de jour en jour. Hospitalisé à maintes reprises, puis au Samu de Dely Ibrahim, il fut relâché quelques jours après, pour se retrouver dans un cimetière comme refuge dans la même localité, une situation, faut-il le reconnaître, insoutenable. Depuis, M.Hakem ne sait plus à quel saint se vouer ni vers quelles instances se diriger. Il affirme avoir épuisé toutes les voies de recours. «J'ai saisi pratiquement toutes les institutions de l'Etat. Tout ce que je demande c'est d'être pris en charge dans un établissement sanitaire et récupérer mes enfants ainsi que mes biens», réclame-t-il d'un ton pathétique. A. T.