Le ballet diplomatique entre Alger et Paris reprend de plus belle avec la venue du ministre de l'Intérieur français. Le ministre français de l'Intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés sociales, Dominique de Villepin, sera demain à Alger pour une visite de travail de deux jours. Au cours de son séjour algérois, le ministre de l'Intérieur français sera reçu en audience par le président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika, ainsi que par le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia. Dominique de Villepin s'entretiendra également avec son homologue Noureddine Yazid Zerhouni sur les sujets de coopération bilatérale, notamment sur les questions de terrorisme, la circulation des personnes et la lutte contre la criminalité organisée, précise un communiqué du ministère français. Une opportunité pour la partie algérienne d'interroger son vis-à-vis sur les réelles intentions cachées de Mme Danielle Mitterrand, veuve de l'ex-président français, le défunt François Mitterrand, qui, selon les affirmations de Mustapha Farouk Ksentini, également président de la Commission de la promotion et la protection des droits de l'Homme, finance l'association SOS Disparus. Même si M.Ksentini ne le dit pas clairement, le fait que Mme Mitterrand assure le financement de l'association SOS Disparus, cela s'apparente à une tentative d'ingérence dans les affaires internes de l'Etat algérien. Dominique de Villepin sera ensuite l'hôte de la ville des Ponts, Constantine, où il rencontrera les autorités locales avant de se rendre à la mosquée Emir Abdelkader. Cette visite de travail intervient, selon le document, dans le cadre des contacts étroits et permanents entretenus par la France avec les pays du Maghreb qui conduiront le ministre à se rendre également en Tunisie dans les prochaines semaines après s'être rendu au Maroc en septembre dernier. La visite de Dominique de Villepin sera suivie dans les prochains jours par celle de Xavier Darcos, ministre délégué à la Coopération, au développement et à la francophonie, auprès du ministre des Affaires étrangères français à la veille du Xe sommet de la francophonie qui aura lieu les 26 et 27 novembre prochain dans la capitale burkinabée, Ouagadougou. Placée sous le thème de «La francophonie, espace solidaire pour un développement durable», cette dixième réunion des chefs d'Etat et de gouvernement francophones, sera la troisième en terre africaine après le Sommet de Dakar (Sénégal) en 1989 et celui de Cotonou (Bénin) en 1995. Ce ballet diplomatique entre Alger et Paris s'apparente à une offensive de charme lancée, en l'espace de quelques mois, par l'Elysée, de peur d'être supplanté par un rival redoutable incarné par les USA, après les visites à Alger de plusieurs poids lourds du gouvernement Raffarin, tels que Michel Barnier, ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, ministre de la Défense, et Nicolas Sarkozy, ministre de l'Economie et des Finances et qui n'est pas près de connaître son épilogue. Longtemps décriées, les relations algéro-françaises ont connu un changement qualitatif d'une extrême importance dans la nature du régime algérien, qui a gagné en légitimité depuis les élections du 8 avril dernier. Et depuis, les relations entre les deux pays ont connu une densité inégalée par le passé. D'ailleurs la visite éclair de Jacques Chirac à Alger, pour féliciter son homologue algérien une semaine à peine après sa réélection, fait un recentrage de la relation entre l'Algérie et la France et lui restitue cette dimension humaine qui lui a longtemps fait défaut. Un nouveau départ qui s'est concrétisé sur le terrain par la reconversion systématique de la dette algérienne envers la France en contrats pour les entreprises françaises. Une dette comprise, selon des sources économiques, entre 5 et 6 milliards de dollars.