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«La révision du code de la famille est impérative» BOUTEFLIKA LORS DE L'OUVERTURE DE L'ANNEE JUDICIAIRE
LE PRESIDENT TRANCHE DANS LE VIF DE LA POLEMIQUE
Isolés dans leur fronde, les islamistes devront se plier au verdict de l'écrasante majorité de la population. Le président Bouteflika, certes, a pris son temps, laissant s'estomper la polémique avant de trancher dans le vif. Profitant de son traditionnel discours lors de l'ouverture de l'année judiciaire, il a surpris tout le monde en abordant frontalement le sujet relatif au nouveau code de la famille, celui-là seul qui déchaîne toutes les passions et poussent de nombreux acteurs de premier ordre à s'affronter à couteaux tirés. Loin de se dérober ni de ménager les susceptibilités des uns et des autres, il a, au contraire, clairement soutenu le nouveau texte, objet d'une si vive polémique. Dans son discours, en effet, le président Bouteflika souligne sans ambages que «la révision du code la famille s'est révélée impérative». Il explique ce choix, désormais impérieux, par la nécessité de «garantir la stabilité et l'harmonie dans la société (mais aussi) d'assurer le respect de la chari'â qui reste valable en tout lieu et en tout temps conformément à la tradition des premiers exégètes». Nul doute que Bouteflika, redoutable polémiste, maîtrisant parfaitement les sujets qu'il défend, vient attaquer les pourfendeurs de son projet dans ce qu'ils pensaient être leur point fort alors qu'il ne s'agit rien moins que le défaut de leur cuirasse. Les préceptes islamistes, comme l'avait auparavant soutenu Louisa Hanoune dans un entretien qu'elle nous avait accordé, ne justifient en rien l'oppression dont est victime la femme algérienne. La secrétaire générale du PT avait également lancé un pressant appel à Bouteflika pour qu'il mette un terme à cette polémique, tout aussi stérile que puérile depuis que les propos ont commencé à voler au raz des pâquerettes. Ainsi, Bouteflika ne se borne-t-il pas à soutenir une pareille révision, désormais indispensable. Il va encore plus loin, l'inscrivant dans un cadre plus global, consistant à «mettre à niveau les textes de loi». Il s'agit, en somme, de faire en sorte que la réconciliation nationale globale n'exclut plus la moitié de la population algérienne, qui continue de souffrir du joug du code actuel. Ceci étant, le chef de l'Etat piège fort adroitement les adversaires du nouveau code de la famille en l'inscrivant en droite ligne de son plan portant réconciliation nationale. Si Djaballah, qui fait de l'opposition pure et dure son meilleur credo politique, pouvait encore s'en sortir, le MSP ne saurait faire autrement que de quitter le gouvernement et l'Alliance présidentielle depuis que le président a clairement affiché la couleur. Or, dans tous les cas de figure, il est à peu près certain que la loi passera comme une lettre à la poste grâce au concours du RND, du FLN et, éventuellement, du PT, même si la sortie du chef de l'Etat promet d'alimenter de nouveau la polémique pour de nombreux jours encore. En revanche, il est fort à prévoir que la fameuse pétition lancée contre le nouveau code de la famille ne subisse une grave courbe descendante depuis que chacun a compris ce que pense véritablement le premier magistrat du pays de ce projet de loi. Il est bon de rappeler, pour les besoins de la démonstration, que certains va-t-en-guerre contre le nouveau code de la famille ont fait comprendre à leurs troupes que le président serait contre ce texte et projetterait même de le bloquer en temps opportun. Poursuivant son argumentaire, pour le moins irréfutable, Bouteflika ajoute qu'«il n'y a pas de contradiction entre la volonté de veiller à sauvegarder nos valeurs culturelles et spirituelles et notre objectif de mettre un terme au déséquilibre et à la précarité de la situation de la femme au regard du code civil et d'assurer la protection de l'enfant en vertu des traités, conventions et accords internationaux signés ou ratifiés par l'Algérie. Il s'agit de les harmoniser avec les principes qui régissent la société algérienne». Bouteflika n'omet pas de souligner avec force, prenant les devants par rapport aux «objections» qui pourraient lui être soulevées, que la démarche poursuivie demeure «loin de toute idée de se démarquer de la chari'a, en accord avec les grands principes fondamentaux de la Constitution et en harmonie avec les principes et les valeurs humaines universelles». Dans la foulée, Bouteflika ne laisse pas de souligner que cette révision n'est qu'une partie d'un vaste chantier entrant dans le cadre des efforts déployés en faveur de «l'amélioration de la justice est tributaire de l'élaboration de normes adéquates et d'un arsenal juridique approprié et régulièrement mis à jour pour tenir compte des éléments de modernité et des mutations intervenues dans la société et dans le monde». Là encore, il s'agit d'arguments massues ne pouvant laisser insensibles les citoyens ni les chancelleries occidentales qui, toutes, soutiennent ouvertement l'ensemble des réformes entreprises par le chef de l'Etat depuis qu'il a décroché un véritable plébiscite populaire à la faveur de son second mandat. C'est pourquoi le président ajoute qu'«une révision vue sous cet angle ne saurait se limiter au seul code de la famille. Il s'agira plutôt d'une révision globale qui s'étendra à toutes nos législations, afin de les conformer à notre option démocratique et à notre choix idéologique national basé sur le respect des droits de l'homme, la conformité avec nos traditions et avec nous-mêmes». Il est à souligner que le ministre de la Justice, dans son discours, a largement abondé dans le même sens. Il ne fait pas de doute que les choses iront en s'accélérant à la faveur de cette sortie. Ainsi, le projet de code de la famille a-t-il toutes les chances d'être adopté en conseil des ministres, dès la semaine prochaine, avant d'atterrir sur le bureau de l'APN en prévision de la présente législature. En somme, tout est bien qui finit bien.