L'Algérie a investi des milliards de centimes pour l'achat d'un matériel qui risque de se dégrader. Vers la fin de la semaine dernière, une circulaire du ministère de la jeunesse et des Sports invitait les responsables de certains sites où se sont déroulés les jeux sportifs Arabes à prendre les mesures nécessaires pour que le matériel ayant servi lors de ces Jeux soit transporté vers les salles de l'ISTS à Dely Ibrahim. Elle ajoutait que le ministère se proposait de mettre sur pied une commission qui sera chargée de l'évaluation de tout ce matériel puis de voir avec les différentes fédérations quel serait le meilleur moyen de le rentabiliser. Nul ne contestera le fait que l'Algérie a consenti un énorme effort sur le plan financier pour la réussite de ces Jeux. Si le mouvement sportif national n'a pas bénéficié de la construction de nouveaux sites, il a su tirer profit de la restauration de ceux que notre pays possédait. Nous n'irons pas jusqu'à dire que tout a été parfait, il n'en demeure pas moins que de nombreuses installations ont presque fait peau neuve.. Mais il n'y a pas que cela et nous en parlions au début de ce commentaire. Effectivement, l'organisation des Jeux Arabes a permis à plusieurs fédérations d'acquérir un matériel qu'elles n'auraient jamais eu en d'autres circonstances. On passe sur les tableaux électroniques qui n'ont rien à envier à ce qui se fait de mieux dans le monde, pour nous focaliser sur les équipements des athlètes et le matériel dont ils ont besoin pour l'accomplissement de leur discipline. Des escrimeurs, des karatékas, des tireurs, des haltérophiles nous ont fait part de leur surprise et de leur fierté d'être enfin dotés de moyens qui pourraient leur permettre de travailler selon des normes internationales acceptables. Le tout est, maintenant, de savoir ce que deviendront toutes ces installations, équipements et matériel. De nombreux présidents de fédérations nous ont fait savoir que le mieux serait de les mettre à la disposition des fédérations respectives. Celle de la natation est, par exemple, déjà installée au niveau du complexe nautique de l'OCO Mohamed Boudiaf. Celle du tennis songerait à en faire de même sur le site du tennis club du même OCO. Lorsqu'on acquiert autant de nouveaux équipements, le plus gros problème qui surgit, c'est leur entretien. En 1972, l'Algérie avait inauguré une partie d'un complexe sportif olympique que bon nombre de nations de par le monde et parmi les plus puissantes lui enviaient. C'est sur ce site qu'elle avait pu organiser les Jeux Méditerranéens en 1975 et les Jeux Africains en 1978 d'une manière admirable, certainement mieux que ce qui s'est fait à l'occasion des Jeux Arabes qui ont, pourtant, bénéficié, de l'outil informatique alors que lors des joutes précédentes, on se servait de la ronéo et de la bonne vieille machine à écrire. Une fois les Jeux Africains terminés, les installations olympiques sont tombées dans l'oubli. L'usure du temps et l'absence d'entretien ont, alors, fait leur oeuvre de dégradation dans une totale indifférence de la part des autorités politiques qui ne donnaient pas suffisamment de moyens à l'OCO pour agir en conséquence. Aujourd'hui le risque est grand de voir le même scénario se reproduire. L'OCO se dit capable d'entretenir toutes ses installations ainsi que le matériel qu'il a acheté (une autre partie du matériel a été acquise par le comité d'organisation des jeux arabes et c'est lui qui sera entreposé dans les salles de l'ISTS). On veut bien le croire mais dispose-t-il de moyens conséquents pour cela? Par moyens, on entend des ressources financières suffisantes qui lui permettraient de recruter du personnel qu'il affecterait à titre permanent au niveau de ses différentes infrastructures. L'Algérie organise dans trois ans des Jeux autrement plus importants par le nombre des nations et des athlètes qui y participent, que les Jeux Arabes, à savoir les Jeux Africains. Il ne fait aucun doute que la plupart des sites utilisés pour les joutes arabes seront sollicités pour le rendez-vous africain. Elle n'est pas une vache à traire au point de lui demander de consentir un investissement financier pour des installations et du matériel qu'il suffit de bien entretenir pour qu'il soit de nouveau opérationnel. Nous ne parlons pas de tout le matériel, car pour les Jeux Africains et en trois ans, de nouvelles technologies ont de grandes chances d'entrer en jeu mais cela ne saurait excuser qu'on laisse celui qui a été acquis pour les Jeux Arabes soumis aux aléas de l'usure du temps. La balle est, donc, dans le camp des responsables de notre sport, ceux du MJS au premier plan dont certains, malheureusement, montrent déjà des signes d'égarement. La preuve en est que la circulaire citée en début de ce commentaire indique que le matériel, une fois transporté jusqu'à l'ISTS, pourrait être reversé aux différentes fédérations. Pourquoi un tel déménagement si c'est pour ramener ce même matériel dans l'endroit où il se trouvait précédemment? Il y en a qui rêvent de transports publics et de dérangement alors qu'il suffit de laisser sur place le matériel en question, d'en faire l'inventaire, de poser si nécessaire des scellés avant de procéder à la répartition. On disait, dans un de nos précédents articles, que les ministres de la Jeunesse et des Sports qui défilaient avaient la particularité d'être très mal conseillés. Cela continue.