Le terroriste auteur de l'attentat de Sousse abattu par les services de sécurité tunisiens Les deux principales organisations terroristes Daesh et Al Qaîda ont décidé de rivaliser dans la politique de la terreur, faisant du Ramadhan 2015 un mois de sang et de fureur. Contexte socio-religieux oblige, le Ramadhan, considéré comme propice au djihad, semble à l'origine de la recrudescence brutale des attentats terroristes qui n'épargnent plus personne. Tour à tour, on apprenait l'assassinat de 120 personnes à Kobané (Syrie), un attentat-suicide contre une mosquée chiite au Koweit faisant 13 victimes, un autre dans une usine de Saint Quentin en France (Isère) causant 1 mort et un attentat à Sousse, dans un hôtel, totalisant 27 morts. A chaque fois, les terroristes sont abattus et, à chaque fois, les revendications portent la marque de l'Etat Islamique (Daesh) ou d'Al Qaîda. Les réactions politiques en Europe à l'attentat en France n'ont pas tardé et les commentaires, à droite comme à gauche, ont tous convergé sur la nécessité de faire front contre «la haine aveugle du terrorisme». Or le phénomène n'est pas spécifique à la France comme l'ont malheureusement montré les évènements en Syrie, au Koweit et en Tunisie. L'hydre terroriste étend ses tentacules partout où elle dispose d'une logistique conséquente. Le problème réside dans le fait que les terroristes recrutés sont des natifs des pays ciblés, partout où les groupes frappent. Ainsi en est-il de la Tunisie qui compte pas moins de 3000 affiliés à Daesh et à Al Qaîda, bon nombre d'entre eux occupant des fonctions importantes de chefs religieux ou de chefs militaires dans ces organisations. Vraisemblablement, Daesh et Al Qaîda ont décidé de rivaliser dans la politique de la terreur pour faire du Ramadhan un mois de sang et de fureur. Si Kobané a enterré ses 120 morts dans un silence médiatique lugubre, les attentats de Saint-Quentin et de Sousse ont engendré le retentissement considérable que recherchent justement les commanditaires. Même si l'attaque contre l'usine est de moindre envergure que celle de janvier dernier contre Charlie Hebdo, elle a pourtant soulevé une forte émotion, exploitée politiquement partout en Europe. Ce qui n'augure rien de bon pour la communauté musulmane, aussi bien en France que dans les autres pays d'Europe, l'islamophobie ayant atteint des sommets ces derniers mois alors que des mesures exceptionnelles sont apprêtées par le gouvernement français dans les domaines sécuritaire et du renseignement. Vilipendée, servant de bouc émissaire et promptement accusée de tous les maux, la communauté musulmane, algérienne en particulier, eu égard à un lourd passé que les partis nostalgiques comme le Front national s'emploient à instrumentaliser, va faire face à un regain de stigmatisation, de xénophobie et de racisme plus ou moins déclaré. Des lendemains encore plus sombres menacent avec les promesses de Sarkozy qui promet de «laver plus blanc» que Marine Le Pen. Quant à la nouvelle attaque contre la Tunisie, survenue presque trois mois après celle du musée du Bardo, elle aura un impact dramatique sur le pays. Conséquence immédiate, le secteur stratégique du tourisme qui avait enregistré en avril de mauvais résultats, avec un recul sur un an de 25,7% du nombre de touristes et de 26,3% des recettes touristiques en devises, va en pâtir et les résultats risquent d'être pires cet été. L'attentat de Sousse compromet fortement l'espoir pour la Tunisie de renouer avec le tourisme, principal poumon de l'économie du pays, car il intervient à quelques jours du lancement de la saison estivale, dans un pays où le tourisme représente environ 7% du PIB et quelque 400.000 emplois directs et indirects. En fait, les tour-opérateurs et les agences de voyage misaient beaucoup sur les réservations de dernière minute et les prix imbattables de la Tunisie pour sauver la saison. Dans un tel contexte, il faut savoir que la Tunisie fournit un fort contingent aux groupes terroristes. Sur les 3000 combattants djihadistes recensés, beaucoup ont «fait» l'Afghanistan, l'Irak et la Syrie. Présents dans la hiérarchie comme chefs religieux ou militaires, ils ont regagné le pays depuis la révolution du Jasmin. Adossée à une Libye exsangue où la menace ne cesse de grandir, ciblant en premier lieu ses frontières, la Tunisie est réellement dans l'oeil du cyclone. Les groupes terroristes, Daesh en particulier, entendent bien s'en servir comme base arrière dans leurs attaques éventuelles contre l'Algérie et dans le trafic d'armes. En frappant le tourisme, les terroristes escomptent plusieurs sortes de dividendes, dont le recrutement accru des jeunes en difficulté. L'Algérie qui s'évertue, depuis de longs mois, à arracher un accord de paix entre tous les protagonistes libyens connaît les exigences et les enjeux de la sécurité et de la stabilité à ses frontières. C'est pour cette raison qu'elle ne lésine sur aucun effort pour parvenir à la restauration de la paix et de la sécurité en Libye, condition première de la lutte contre le terrorisme qui endeuille méthodiquement la région...