Le chef de l'Etat a mis un terme aux spéculations de salon sur une prétendue élection présidentielle anticipée Le président de la République parle ouvertement de sa «condition physique» dans le contexte de l'exercice du pouvoir. Dans son message à la nation à l'occasion de la fête de l'indépendance, le président de la République a quelque peu dérogé à la tradition en évoquant ouvertement des questions directement liées à l'exercice du pouvoir. Dans ce contexte précisément, tout en rappelant le caractère démocratique et légal de son mandat présidentiel, le chef de l'Etat aborde frontalement la question de sa santé. «Vous avez été nombreux à m'interpeller pour que je poursuive la mission dont vous m'aviez déjà honoré trois fois. J'ai répondu à cet appel, acceptant ce sacrifice, malgré ma condition physique actuelle pour laquelle je remercie Dieu, pensant aussi au sacrifice suprême consenti par mes valeureux compagnons tombés au champ d'honneur, dans les rangs de l'Armée de libération nationale», a souligné le chef de l'Etat. Il y a lieu de s'arrêter sur l'expression «malgré ma condition physique actuelle». C'est bien la première fois que le président Bouteflika évoque le sujet sous cet angle. On retiendra «ma condition physique actuelle», comme pour signifier le caractère évolutif de son état physique, appelé à s'améliorer, d'autant que les témoignages des invités de l'Algérie qui ont eu à s'entretenir avec lui, sont unanimes quant à l'excellence de ses capacités intellectuelles. Partant, le chef de l'Etat a mis un terme aux spéculations de salon sur une prétendue élection présidentielle anticipée, thèse que défend une partie de l'opposition, regroupée dans la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (Cnltd). «En ce qui me concerne, je m'attellerai à accomplir ce devoir avec l'aide de Dieu, conformément au mandat que m'a confié la majorité de notre peuple», a affirmé le président Bouteflika. Le message adressé à cette opposition est on ne peut plus clair: il n'existe aucune autre option que la voie constitutionnelle qui prévoit un mandat présidentiel de cinq années. L'attitude du chef de l'Etat relève d'un respect de la légalité, dont il s'efforce d'en faire sa démarche depuis son arrivée au pouvoir. De fait, toute discussion sur une transition qui impliquerait un épisode électoral anticipé est donc nulle et non avenue. Ceci ôte aux partis de la Cnltd une «arme» politique qu'ils brandissaient régulièrement. En effet, le très médiatique article 88 de la Constitution n'a plus court en raison de l'activité intense du président de la République, mais également et surtout, de par sa ferme volonté d'aller jusqu'au bout de son mandat. En abordant ces questions de pouvoir et en s'adressant aux Algériens pour évoquer ouvertement sa «condition physique», le président de la République a pris sur lui de briser un autre tabou, qui voulait que la santé du chef de l'Etat ne soit pas évoquée par le premier cercle du pouvoir avec une telle franchise. On se souvient d'ailleurs que lors de sa première hospitalisation en 2005, la présidence de la République a certes tenu l'opinion nationale régulièrement informée de l'évolution de sa situation sanitaire, mais la communication restait à un niveau très officiel, par voie de communiqué. Après son incident cardiaque, en 2013 et toutes les folles rumeurs qui ont circulé et malgré les démentis de la présidence de la République, une partie de l'opposition tenait à sa thèse, tant que l'on sentait une certaine réserve de la part du pouvoir à évoquer clairement la question. Ainsi, à travers son message aux Algériens à l'occasion de la fête de l'indépendance, le président de la République parle ouvertement de sa «condition physique» dans le contexte de l'exercice du pouvoir qu'il assume pleinement. Les Algériens sont donc définitivement informés de toutes les circonstances liées au pouvoir de leur pays. Leur président entend finir le mandat qu'il a reçu des citoyens qui l'ont élu, et les appelle «dans la différence de leurs convictions politiques, mais aussi dans leur unité de destin national, à unir leurs forces et leurs énergies, pour construire davantage l'Algérie, notre patrie, pour la porter ainsi, année après année, génération après génération, au niveau de vos ambitions et de vos espérances, au niveau de l'idéal pour lequel sont morts nos glorieux martyrs». L'appel à l'opposition et la reconnaissance de son rôle dans l'édification du pays, transparaissent dans le propos du président de la République qui semble inviter l'ensemble des courants politiques à faire de la pratique démocratique, un élément émancipateur de la société et pas un facteur de division.