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Les douces mélodies pour apaiser vos maux
MOULOUD OUNNOUGHÈNE NOUS FAIT VISITER IGUERBOUCHÈNE
Publié dans L'Expression le 05 - 07 - 2015

Docteur en neurochirurgie, Mouloud Ounnoughène est également musicien, ancien producteur et animateur d'émissions radiophoniques sur les musiques du monde. Il a sorti avec son groupe Massin's un album de fusions musicales intitulé «Azzetta». Massin's sélectionné il y a une dizaine d'années dans un concours par un jury français dans le cadre du Festival international des musiques universitaires qui s'est déroulé à Belfort en France, avec la participation de plus de 30 pays, a remporté un franc succès. Passionné par les effets et les impacts de la musique sur le cerveau, le docteur a écrit plusieurs articles à ce sujet, comme il publia également le livre titré: «Influences de la musique sur le comportement humain.»
Cet ouvrage est préfacé par le professeur A. L. Benabid de l'Académie des sciences de France. L'auteur a animé de nombreuses conférences sur le thème du métissage musical et a présenté plusieurs communications ayant trait à l'oeuvre d'Iguerbouchène. Il vient d'éditer un livre sur Mohamed Iguerbouchène chez Dar El Khettab.
L'Expression: Quelle est pour vous la conception ou la définition d'un artiste?
Mouloud Ounnoughène: Un artiste est capable de produire quelque chose d'inouï qui peut bouleverser le cours de l'histoire dans son domaine, c'est en somme comme, un génie, il est doué d'une vaste culture et nanti de bonnes connaissances dans son domaine.
Un artiste est celui qui scrute d'un autre oeil la société, il est capable de transposer les éléments de la réalité dans un cadre privilégié et enchanteur, il sublime en quelque sorte les choses banales. Le titre d'artiste est élogieux, il ne rime pas avec le talent, marier des couleurs, conjuguer des notes ou solfier des sons relève du commun. Il ne s'agit pas de se réapproprier une oeuvre. Le processus de création doit être le moteur de tout artiste.
En musique, il ne s'agit pas de frotter certaines «chansons» par les artifices corrupteurs de l'électronique: expandeur, échantillonneur, boîte à rythmes et synthèse vocale pour affirmer s'inscrire dans la nouveauté ou l'originalité, ce ne sont là que des oeuvres «mécaniques».
Une véritable oeuvre artistique n'est pas reproductible... Il faut inverser l'équation, 80 pour cent promotion + 20 pour cent talent= artiste.Pour progresser, on doit se remettre perpétuellement en question. Le souci de tout musicien ou chanteur est à mon sens la quête du savoir; améliorer sa technique de jeu instrumentale, prendre ou reprendre des cours de chant, s'ouvrir à une écoute plus diverse et privilégier l'acoustique.
Enfin, comme le dit Camus: «L'oeuvre d'art naît du renoncement de l'intelligence à raisonner le concret.»... Citation à méditer!
Vous venez d'éditer un livre sur l'oeuvre d'Iguerbouchène qui est justement, un artiste hors pair.
Iguerbouchène est un artiste hors pair en effet. Son catalogue éclectique mérite une attention toute particulière. De la mélodie à la rhapsodie, du poème symphonique au concerto, toutes ces formes musicales ont été utilisées par notre compositeur. Il a même écrit des quatuors inhabituels pour l'époque, ils ont été distribués en effet pour le qanoun, le nay, la derbouka et l'oud. Il s'est même inspiré du moual et du zidane dans quelques oeuvres.
Attaché à son Algérie, il grava aussi plusieurs partitions dont, Hadja Zohra, Danse mauresque N4, Cimes, Sérénité montagnarde, etc.
Après plus de quatre ans de prospection et de recherche, j'ai pu réaliser cette modeste contribution qui vise à connaître sa trajectoire, à explorer son oeuvre et à réhabiliter son talent.
Cet ouvrage se décline en trois parties, la première situe le contexte ou le panorama musical des années 1930 à 1950 où Iguerbouchène a évolué: music hall, jazz, musique «contemporaine» occidentale et j'ai assigné sa contribution dans ce domaine.
Un point d'orgue est prononcé à l'égard de Francisco Salvador Daniel, directeur du conservatoire de musique de Paris, ami de Délibes et de Félicien David, Daniel a séjourné durant 12 ans en Algérie, dès 1853.
Il a côtoyé les musiciens algérois, il a même appris l'arabe et jouait admirablement de la ghayta. C'est lui, le premier a avoir mis en partitions des chants kabyles transmis des voix de chanteurs locaux... La seconde partie du livre est totalement consacrée à Iguerbouchene, premier compositeur maghrébin de musique de films, collaboration en tant que producteur d'émissions radiophoniques sur les musiques du monde, conférences sur la musique arabe comparée... etc. Enfin, un hommage et des témoignages que j'ai recueillis auprès de personnes qu'ils l'ont connu ou travaillé sur ses oeuvres.
Parlez-nous plus exactement de l'apport de ce grand artiste dans la musique, d'une façon générale.
Son oeuvre musicale est incommensurable. Si le concept de world music était à la mode durant les années 1990, Iguerbouchène a su dès les années 1930 réaliser un syncrétisme fécond entre les traditions musicales maghrébine, orientale, africaine et occidentale. Ces influences mutuelles se déclinent dans ses compositions.
La rhapsodie concertante, Blue dream, La féerie orientale sont quelques exemples qui étayent cette démarche.
Père du métissage musical en Algérie, Iguerbouchène a synthétisé, voire assimilé différentes cultures musicales: maghrébine, européenne, orientale et africaine. Ces influences mutuelles se déclinent dans ses compositions; La rhapsodie concertante, Blue dream, La féerie orientale sont quelques exemples qui illustrent bien cette démarche.
Dans ce domaine, ses contemporains ont entrepris une approche similaire; je pense à George Gershwin qui a élaboré une synthèse raffinée qu'on retrouve dans sa Rhapsodie in blue; il en éclôt le jazz symphonique.
Le parcours d'Iguerbouchène est magnifié par des catalyseurs. Son parcours initiatique le conduit depuis son Djurdjura natal aux prestigieuses écoles de musique européenne de son époque, De Londres à Vienne, de Milan à Paris. De chacune de ces villes, il capitalisera et rapportera son lot d'érudition. Il eut comme principaux maîtres, les professeurs Alfred Grunfield et Robert Fishof.
Mohamed Iguerbouchène est doué dans le domaine de la composition de musique de film.
Mohamed a cette faculté de création musicale instantanée, quand on lui déroule une pellicule de film, il en saisit rapidement le rythme des séquences, l'architecture motrice du film mais surtout le message émotionnel.
Premier compositeur algérien de musique de film, il cosigne avec Vincent Scotto la bande son du film Pépé le moko avec Jean Gabin. Iguerbouchène grave ses croches dans les studios américains de la Walter Ranger/United Artists, notamment pour le compte du film Algiers: c'est la sulfureuse Hedy Lamarr et le talentueux Charles Boyer qui tiennent la tête d'affiche.Iguerbouchène illustre musicalement le charmant Bim, le petit âne dont le commentaire, est écrit et dit par Jacques Prévert.
Il collabore aussi avec Tahar Hennache dans le film documentaire Ghatassine essahra.
Il a collaboré également avec Georgette le Tourneur de Marçay dans Vision saharienne.
Il signe par ailleurs la musique du film Minaret dans le soleil dont le thème s'articule autour de la ville de Tlemcen, ce film a obtenu un Prix au festival de Venise de 1949. La liste est assez longue....
Qu'est-ce qui vous a motivé à écrire ce livre sur l'oeuvre intemporelle d'Iguerbouchène?
Dans les années 1990, je donnais des cours de piano, un ami de formation cinéaste m'offre une partition d'Iguerbouchène, je me suis évidemment attelé à la déchiffrer sur mon clavier. Grand était mon étonnement, puisque cette Danse mauresque N°4 possédait tous les schèmes d'une mélodie d'inspiration kabyle mais supportée par une technicité, des nuances et une harmonie digne des partitions de l'époque «classique» occidentale. Dès lors, cette perplexité a entraîné une curiosité.
Cet empressement de comprendre et de savoir davantage allait grandissant, car plus j'avançais, je découvrais différentes facettes de son art; Iguerbouchène écrivait des contes, donnait des conférences, produisait et animait des émissions sur les musiques du monde, il donnait aussi des conférences à radio PTT d'Alger, il en a présenté au début des années 1940 une sur la musique arabe comparée... etc. Voyez-vous, tous ces éléments ont suscité davantage d'engouement pour l'écriture de ce livre, je me suis déplacé en Autriche à la recherche de ses traces, à Paris où j'ai noté des témoignages, j'ai eu des informations de Londres. Son nom a souvent été charcuté Igwer Bouchen, Igar Bouchen et bien d'autres. Ceci a entravé un peu mes recherches.
En Algérie, très peu le connaissent dans sa globalité, c'est par bribes et recollements que j'ai taillé les informations, Il y a certaines personnes qui ont des documents et qui font dans la rétention des sources.
Enfin, la question motrice pour ce livre était: comment un génie comme Iguerbouchène n'est pas connu dans son pays, alors que des hommages et des colloques fusent pour des «artistes» dont la production ou la qualité lyrique de leur oeuvre est infiniment dérisoire par rapport à celle de Mohamed Iguerbouchène?
Mon grand souhait est de l'intégrer dans l'enseignement musical au sein de nos établissements scolaires, car son catalogue très varié, est un cas d'école unique...


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