Le Makhzen a tenté de désamorcer cette crise en créant un foyer de tension fictif avec son voisin, l'Algérie. Pensant éviter la contagion de l'islamisme radical, le Maroc se découvre séropositif. Il traverse une fracture mortelle. La révélation du quotidien américain Washington Post, fait tomber le masque sur un royaume finalement enserré d'un réseau plus dense et mieux implanté qu'il ne voulait l'admettre. ‘'De nombreux signes indiquent que les Marocains, dans leur pays et à l'étranger, jouent un plus grand rôle dans les réseaux terroristes mondiaux'', a indiqué jeudi, le quotidien américain dans un article consacré au terrorisme au Maroc. Remontant aux attaques terroristes qui avaient frappé Casablanca en mai 2003 faisant 45 morts, le Washington Post écrit que ‘'le gouvernement marocain se vante que les arrestations opérées suite à ces attentats et l'absence d'autres attaques soient une preuve de la neutralisation de la menace terroriste''. Les inégalités sociales de plus en plus tranchées dans le royaume, la désinvolture du Palais royal alimentent la désespérance de la jeunesse marocaine. Le Makhzen a tenté de désamorcer cette crise en créant un foyer de tension fictif avec son voisin, l'Algérie. La presse marocaine s'en est allée jusqu'à évoquer un mouvement des troupes algériennes au niveau de la frontière avec le Maroc. Mais les faits sont là. En plus de l'islamisme de connivence, au Maroc existe un autre courant, radical issu du wahhabisme saoudien. Il se nourrit des prêches de prédicateurs aussi jeunes qu'exaltés dressant à longueur de sermons les vertus de Oussama Ben Laden. Avec le temps, il a essaimé en une multitude de groupuscules. Deux Marocains sont traduits en justice en Allemagne pour complicité dans les attaques du 11 septembre aux Etats-Unis, alors que sur la liste des terroristes les plus recherchés par l'Arabie Saoudite, les seuls étrangers qui y figurent sont deux Marocains. En juillet dernier, le magistrat espagnol Baltasar Garzon, qui a traité plusieurs dossiers de terrorisme, a affirmé que les données de la police et du renseignement indiquent que cent cellules terroristes d'Al Qaîda ont pris racine au Maroc en rappelant que les suspects arrêtés après l'attentat de Madrid en mars dernier sont des immigrés marocains. Selon Claude Moniquet, le président du Centre de la sécurité et du renseignement stratégique européen basé à Bruxelles, cité par le Washington Post, ‘'la menace terroriste au Maroc et celle de la communauté marocaine en Europe est réelle''. Une illusion s'est dissipée avec les attentats de Casablanca. Celle d'un Maroc à part, d'un royaume singulier, musulman protégé des tourments du Moyen-Orient et immunisé contre l'islamisme radical. ‘'Des responsables de pays européens ont exprimé leur crainte que le Maroc, un pays musulman traditionnellement modéré, soit en train de devenir plus radical'', a noté le quotidien américain. A ce sujet, le journal indique que durant ces derniers mois, les autorités italiennes, françaises, belges et hollandaises ont démantelé des cellules terroristes composées essentiellement d'immigrés marocains. Ainsi, l'image d'un Maroc idéalisé, celui d'un royaume ancestral qui a réussi la synthèse miraculeuse de la modernité et de la tradition, a littéralement explosé surtout avec l'influence de plus en plus grandissante des organisations et des partis politiques islamistes marocains. Le Maroc, il faut le dire, subit de plein fouet le retour de manivelle de son soutien au terrorisme islamiste du temps où il fallait le faire pour affaiblir le voisin algérien. Exemple avec Layada, mais aussi avec le terroriste abattu alors qu'il acheminait des armements en direction de notre pays. Depuis, le terrorisme intégriste, favorisé par une crise et une injustice sociale inouïes, a atteint des proportions telles que le juge antiterroriste Garzon, connaissant bien le voisin marocain, avait révélé l'existence de pas moins de 4000 kamikazes de cette nationalité prêts à frapper partout dans le monde.