La rupture de dialogue, causée par une nouvelle sortie de Temmar, risque de durer plusieurs jours. Le patron de la Centrale Ugta, apprend-on, doit animer une conférence de presse demain au siège national du syndicat. Cette rencontre avec les représentants de l'ensemble des médias vise à faire le bilan de ces deux journées de grève, mais aussi pour annoncer les éventuelles actions envisagées au cas où les pouvoirs publics ne prendraient pas correctement en charge les revendications brandies par la Centrale. Au moment où le Chef du gouvernement a fait montre de sa disponibilité à revenir autour de la table du dialogue, multipliant au demeurant les signes de bonne volonté, Hamid Temmar est une nouvelle fois revenu à la charge en matière de privatisations. Des sources proches de la Centrale, forte de la réussite éclatante de sa grève nationale de deux jours, précisent que «cette sortie aura pour effet de retarder un peu plus la reprise du dialogue». Nos sources, confirment que jusqu'à présent, c'est-à-dire hier assez tard dans la soirée, «aucun contact direct n'a eu lieu entre les membres du gouvernement et la direction nationale de l'Ugta». Mais, dans tous les cas de figure croit-on savoir, une bipartite doit avoir lieu dans le courant du mois de mars, probablement dans sa seconde quinzaine. Une seconde bipartite est, elle aussi, attendue avant la fin du premier semestre de cette année. La première rencontre, nous dit-on, servirait à tenter d'aplanir les divergences les plus importantes et mettre en application une bonne partie des accords conclus par les quatre groupes de travail mis en place à la suite de la rencontre Benflis-Sidi Saïd du mois de septembre passé. Nos sources précisent, toutefois, que «les choses ne se passeront pas aussi facilement». La réussite de ce débrayage de deux jours poussera sans aucun doute la Centrale à faire montre de plus de dynamisme et d'«agressivité» dans ses relations avec les pouvoirs publics. Cette démarche vise en premier chef à maintenir la mobilisation et la cohésion des rangs dans un état optimal en prévision de nouveaux débrayages ou même de marches à travers l'ensemble des wilayas du pays. Mieux, nos sources indiquent que «Abdelmadjid Sidi Saïd compte monter au créneau lors de sa prochaine rencontre avec le Chef du gouvernement et mettre sur la table des dossiers auxquels les pouvoirs publics ne s'attendent guère». Le gouvernement, qui a trop tiré sur la corde sociale, et qui continue même de le faire à travers certains de ses ministres, n'est, semble-t-il, pas au bout de ses peines. La seconde bipartite, elle, devrait se pencher sur la revalorisation du Smig, une bonne nouvelle que les travailleurs de toute l'Algérie attendent avec impatience. Même si les avis sont très divergents sur cette question, l'Ugta ne devrait pas céder sur un salaire inférieur à 15.000 dinars, une somme qui ne suffit même pas à faire vivre décemment une famille de cinq personnes, comme le démontre l'étude faite en ce sens par la Centrale, il y a quelques mois et dont nous avions obtenu une copie à cette époque. Le front social est bel et bien entré en ébullition. Il sera très difficile de lui faire, de nouveau, entendre raison sans de très sérieuses concessions. Nous y reviendrons.