L'urgence est à l'élaboration d'un statut pour les victimes du terrorisme où les femmes violées seront intégrées en tant que telles. Le discours obscurantiste est en train de gagner du terrain. Nous assistons à la généralisation du port du djelbab. La scolarisation de la fille est également en nette «régression». Mme Benhabilès a tiré, ainsi, la sonnette d'alarme, hier, lors d'une conférence de presse animée à la maison Tahar Djaout en faisant le bilan d'activité de son association qui a célébré à l'instar des autres associations de femmes du monde entier la Journée internationale de la femme rurale qui coïncide avec le 15 octobre. La femme rurale qui constitue la frange la plus importante de la gent féminine, souffre de multiples problèmes en plus d'être soumise à des pressions de la part d'un certain discours qu'on croyait révolu. L'oratrice a fait état de prêches et de propagande de pseudoreligieux qui incitent les hommes à réprimer les femmes. Cette situation que Mme Benhabilès qualifie d'«inquiétante, interpelle l'ensemble de la société civile ainsi que les institutions à faire preuve de vigilance notamment dans les zones éloignées où la femme se trouve livrée à elle-même, exploitée et sans protection». Evoquant le dossier des victimes du terrorisme, l'ex-ministre est pour l'élaboration d'un statut où les femmes violées seront intégrées comme telles. Elle a souligné que ces femmes vivent un véritable drame. Elles sont frappées d'ostracisme aussi bien par leurs familles qui les ont abandonnées que par les institutions qui tardent à leur accorder une reconnaissance légale. Elles ne trouvent nul refuge que la rue où elles sont à la merci des proxénètes. S'il n'existe pas de statistiques précises concernant le nombre de femmes violées, il est cependant jugé important. Selon l'oratrice, il dépasserait de loin le nombre officiel estimé à 7000. «Elles remplissent les chambres d'hôpitaux psychiatriques», a-t-elle dit dépitée. Elle a déploré l'absence d'une prise en charge réelle de cette catégorie de femmes qui souffrent une double meurtrissure, celle d'avoir été violée et celle d'avoir été abandonnée par la suite Mme Benhabilès a également relevé le problème du mariage religieux très répandu dans le Sud et l'intérieur du pays et même dans certaines villes. Appelé «Djemaâ», il touche la femme rurale en premier lieu car il la réduit à un état de non-citoyenneté. Cette pratique courante illégale sur le plan juridique induit des conséquences désastreuses pour la famille et pour toute la communauté telles l'absence de papiers administratifs et la non-scolarisation des enfants. La pauvreté est l'autre phénomène qui frappe de plein fouet la femme, en général et particulièrement celle qui se trouve dans les zones rurales. A ce sujet, l'oratrice appelle à ce qu'il y ait une justice et un partage équitables des richesses entre le nord et le sud. Ce dernier ne dispose pas de beaucoup de ressources et les femmes se trouvent de ce fait exclues des opportunités de travail.