«Les pouvoirs publics doivent prendre leurs responsabilités» Les partis estiment que l'approche sécuritaire prônée par le gouvernement a totalement échoué dans le règlement de la crise. «C'est gravissime!». «C'est inacceptable, voire incon-cevable ce qui se passe à Ghardaïa», «non à la fitna». Les partis politiques étaient nombreux à condamner les événements qui ont fait 25 morts et plusieurs blessés dans la nuit du lundi au mardi à Ghardaïa. Les partis estiment que l'approche sécuritaire prônée par le gouvernement a totalement échoué dans le règlement de la crise. Le Rassemblement national démocratique (RND) a condamné l'utilisation d'armes artisanales par des groupuscules extrémistes et qui ont provoqué la mort d'une vingtaine de citoyens. «Nous déplorons les graves événements survenus dans certaines localités de la wilaya de Ghardaia», a-t-il indiqué dans un communiqué rendu public hier, tout en présentant ses sincères condoléances aux familles des victimes. Le RND a appelé la population de Ghardaïa à se mobiliser pour mettre un terme à ce grave dérapage. Comme il a appelé également le pouvoir public à veiller à une application ferme de la loi contre ceux qui fond usage de la violence et portent atteinte à la sécurité des biens et des personnes. De son côté, la présidente du Parti des travailleurs (PT) Louisa Hanoune a appelé, hier, à Alger, le gouvernement à revoir sa politique concernant la situation à Ghardaïa. Mme Hanoune qui présidait l'ouverture de la réunion de la commission d'agriculture du PT, a souligné la nécessité «absolue» pour le gouvernement d'agir pour mettre fin «aux dérapages dangereux» à Ghardaïa. «L'on ne doit pas envisager la solution sécuritaire uniquement à partir du moment où il s'agit d'une crise multidimensionnelle», a précisé Mme Hanoune ajoutant que la politique du gouvernement de renforcer le dispositif sécuritaire en vue de maîtriser la situation est «insuffisante». «Cette politique, a-t-elle souligné, a montré ses limites notamment avec la recrudescence de la violence à Ghardaïa», appelant la population de cette ville «à faire prévaloir la raison» pour dépasser la crise. Le parti de Tajamoue Amal El-Djazair TAJ a dénoncé cette nouvelle escalade de violence. Contacté par nos soins, le porte- parole du parti, Nabil Yahyaoui estime que cette situation interpelle plus d'un pour arrêter ce drame. «Les pouvoirs publics doivent prendre leurs responsabilités», a-t-il soutenu en invitant les partis et les associations et les médias à contribuer à l'apaisement et au retour du calme dans la région. L'opposition donne un autre son de cloche en accusant ouvertement le pouvoir d'être responsable de cette situation. «Ça ne sert à rien de reprendre les mêmes approches qui ne sont pas efficaces», a soutenu le porte-parole de l'Alliance de l'Algérie verte, Naâmane Laouer. Joint par téléphone, ce député du MSP pense que la thérapie prônée par le gouvernement a complètement échoué. «A chaque fois qu'un responsable se déplace sur les lieux, la situation dégénère», a-t-il affirmé rappelant la visite de M.Bedoui jeudi dernier. Selon notre interlocuteur, il y a des gens qui veulent pousser au pourrissement dans cette région. Le Pôle du changement qui s'est réuni mardi soir a noté avec une extrême préoccupation la détérioration de la situation et les graves glissements que connait actuellement Ghardaïa. «Devant cette tragique situation, les membres du Pôle présentent leurs sincères condoléances aux familles des victimes et leur expriment leur compassion et leur solidarité et se tiennent aux côtés de tous ceux qui sont touchés par ces malheureux événements», a indiqué un communiqué rendu public hier. Le Pôle considère que «les échecs du pouvoir en place dans la résolution de ce genre de crises est dû essentiellement à la vacance du pouvoir, l'absence de légitimité des institutions et l'inconsistance des solutions proposées,en l'absence d'un plan efficace de sortie de crise». Le président de Jil Jadid, Soufiane Djilali accuse directement le pouvoir d'être derrière cette situation. «Le pouvoir est incapable de régler les problèmes, notamment celui de Ghardaïa», a-t-il affirmé en estimant en revanche qu'il les aggrave en mettant en exergue sa totale «illégitimité». Le Parti des travailleurs a également exprimé ses inquiétudes face à l'escalade de violence dans la région. «L'heure est très grave aujourd'hui», avertit le représentant du PT, Ramdan Taâzibt. Contacté par nos soins, ce député n'a pas été par quatre chemins pour dire que c'est un échec de l'approche sécuritaire prônée par le gouvernement. «Nous avons averti, à plusieurs reprises, qu'il s'agit d'un problème politique, économique, social et culturel, mais en vain», a-t-il souligné en précisant que les citoyens de Ghardaïa ne sont pas responsables de cette situation, mais plutôt les pouvoirs publics. «Nous refusons d'attiser le feu de la fitna dans la région», a clamé le secrétaire national du mouvement d'El-Islah, Fillali Ghouini, dans un communiqué rendu public hier. Ce dernier a interpellé le gouvernement à trouver en urgence une solution à cette problématique pour éviter la fitna. Le Parti national algérien a également dénoncé la situation à Ghardaïa en appelant le gouvernement à assumer ses responsabilités. Il y a lieu de signaler que le parti majoritaire n'a pas daigné pondre un communiqué pour s'exprimer sur la situation à Ghardaïa. Les associations se sont pas restées indifférentes. La Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme a exprimé sa consternation suite à l'escalade de violence des deux derniers jours à Ghardaïa, notamment. «La défaillance de l'Etat en la matière est flagrante et montre bien à quel point le tout-sécuritaire n'a jamais construit une solution durable à ce conflit qui dure depuis au moins deux ans», a souligné la Ligue dans un communiqué rendu public hier. L'association des ouléma algériens a également condamné avec fermeté les événements à Ghardaïa. L'association appelle tous les sages à arrêter tous ceux qui ont contribué aux événements. Bedoui rencontre les représentants de la société civile à Ghardaïa Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Nouredine Bedoui, s'est rendu hier à Ghardaïa où il a présidé une rencontre avec des représentants de la société civile suite aux événements douloureux que connaît la région, depuis le début de juillet. Accompagné du directeur général de la Sûreté nationale (Dgsn), le général-major Abdelghani Hamel et du chef d'état-major de la Gendarmerie nationale, le général Menad Nouba, le ministre s'est, lors de cette rencontre à huis clos, enquis de la situation qui prévaut dans la région et suivi les comptes-rendus présentés par les différentes parties chargées de la gestion sécuritaire dans la région, selon une source de la wilaya. Le ministre de l'Intérieur s'est, par la suite, déplacé dans les différentes localités affectées par ces événements, à savoir Guerrara, Berriane et Ghardaïa, où il s'est enquis de la situation sur le terrain et des conditions de travail et de déploiement des forces de maintien de l'ordre, a-t-on appris auprès de la wilaya.