Cette situation dénote de l'absence de coordination entre les différents acteurs. Au cinquième jour du mois de Ramadan, on est encore à l'affût de la moindre information concernant la viande fraîche importée à 500 DA. L'annonce faite en grande pompe par les autorités publiques sur les arrivages imminents de la marchandise revêtait un caractère cocasse et ridicule à la fois, au fur et à mesure que l'attente se faisait longue et que les jeûneurs perdaient espoir de soulager un tant soit peu leur bourse. Louvoiements, tergiversations, le timing n'est pas le même pour les différentes institutions qui sont partie prenante dans cette «histoire de viande». Cette situation dénote de l'absence de coordination entre les différents acteurs impliqués dans la chaîne de vente. Jusqu'à hier on ne savait pas qui croire: le ministère de l'Agriculture, qui adoptait une attitude dilatoire et qui donnait, à chaque fois de fausses dates, les opérateurs économiques qui s'étaient enferrés dans les procédures administratives et ne savaient pas quand se termineraient leurs péripéties ou encore les responsables du ministère du Commerce qui n'avaient apparemment pas de réponses précises à ce sujet. D'aucuns pensent que la levée de l'instruction sur les viandes fraîches importées, convenue la veille du mois de Ramadan, est une décision tardive, sachant pertinemment qu'il y aurait une forte demande sur le produit en ce mois de jeûne. Il aurait été plus sensé et plus logique de réfléchir à l'instauration de cette mesure un peu plus tôt pour faciliter la tâche aux importateurs qui ambitionnent d'inonder le marché et couper l'herbe sous le pied des spéculateurs qui détiennent le monopole de cette denrée chère. Le citoyen aurait trouvé ainsi un allégement du budget qui caractérise généralement de pareilles circonstances, lui qui est saigné à blanc à chaque rituel religieux. Cette manière de procéder de nos dirigeants qui est de travailler dans la précipitation et d'essayer à la dernière minute de rattraper le dernier wagon est devenue une règle dans tous les domaines notamment en ce qui concerne les affaires liées au bien-être des individus. La viande n'est qu'un argument de plus qui conforte cette désinvolture avec laquelle sont prises des décisions importantes pour le quidam. Il ne s'agit pas de réduire le citoyen à une panse gloutonne, comme si son problème majeur est qu'au milieu de son assiettée trônerait un morceau de chair animale, mais de pouvoir lui procurer des plaisirs de la vie dont la table fait partie. Pourquoi diable la viande devrait être un produit de luxe alors qu'elle est essentielle à une alimentation équilibrée? L'Etat, jusqu'à présent n'a jamais vraiment oeuvré au bien-être et à la plénitude de ses membres et s'il venait à le faire, ce serait d'abord en leur procurant ce dont ils ont besoin à commencer par les choses élémentaires pour leur survie. La brèche ouverte aux spéculateurs de tout acabit qui ne reculent devant rien pour justement empêcher ce processus de survie de suivre son cours normal à travers le désengagement de l'Etat a permis à cette catégorie d'interlopes d'engranger des profits au détriment des simples citoyens qui, faut-il le rappeler, n'ont ni la force de la loi de leur côté, puisqu'elle est permissive, ni les moyens de mettre un terme à l'incurie. La viande n'est qu'un prétexte qui renvoie à d'autres réalités amères. L' Algérien souffre d'une multitude de manques et c'est à l'Etat de les combler en jouant le rôle qui lui échoit.