Les victimes, dont deux femmes et un adolescent de 14 ans, étaient à bord de trois véhicules. Après une longue période d'accalmie, voilà le terrorisme aveugle qui vient de ressurgir pour frapper fort en assassinant seize personnes au lieu-dit Tlaoussa, situé sur les hauteurs des monts de l'Atlas, à 8 km de la commune de Hamdania. Les victimes, dont deux femmes et un adolescent de 14 ans, étaient à bord de trois véhicules (404, 403 et Mégane). On a relevé des personnes égorgées à l'arme blanche, d'autres tuées par balles et certaines entièrement calcinées. Elles étaient sur le chemin du retour après s'être rendues sur leurs terres et leurs vergers pour cueillir les fruits d'automne, en profitant du week-end, lorsqu'elles avaient été surprises par un guet-apens dans un virage. L'attaque terroriste a eu lieu vendredi aux environs de 17h. Une dix-septième personne a échappé miraculeusement au massacre en faisant le mort. C'est elle qui est allée alerter les services de sécurité. Tlaoussa, qui est territorialement rattachée la commune de Bouarfa, est reliée à Hamdania par une piste qui est devenue presque impraticable. Lorsque nous avons voulu nous y rendre, les gendarmes en poste nous en ont dissuadés en nous signalant que c'est une zone à risque. Les gens ont pris coutume d'aller vaquer à leurs occupations dans ces endroits isolés et montagneux sans nous aviser, nous dit-on, en prenant des risques. «Cet assassinat nous a tous surpris», nous indique un responsable de l'APC. Cette fois-ci, les terroristes n'ont pas pardonné, en laissant un carnage derrière eux, comme à leur habitude, par traîtrise en s'attaquant à des paysans sans armes. Nous apprenons sur place que les services de l'ANP ont vite réagi en lançant immédiatement une vaste opération pour traquer les hordes terroristes dans le versant sud de Chréa, fortement boisé et où l'accès est difficile. Il est encore très tôt pour situer l'appartenance des auteurs de cette boucherie qui, toutefois, par sa nature, laisse planer le doute sur les traces du GIA, spécialiste des attaques de civils, pour empêcher le retour des paysans sur leurs terres. La semaine dernière, une attaque meurtrière avait visé un commerçant de portables à Larbaâ, faisant trois morts, ce qui indique que le risque zéro n'existe pas en termes de terrorisme. Signalons enfin que les corps des victimes ont été acheminés vers l'hôpital de Médéa pour autopsie et identification. Elles ont été enterrées, hier, dans leurs villages d'origine, 15 à Bouarfa et une à Hamdania. Les ministres de l'Intérieur, M.Zerhouni, et de la Santé, M.Redjimi, ont assisté à la cérémonie d'enterrement au cimetière de Bouarfa en présence d'une foule nombreuse. C'est la première attaque meurtrière des groupes terroristes depuis le début du Ramadan. Près de 80 personnes ont été tuées depuis début septembre dans des attentats, selon un décompte établi d'après des bilans officiels et de presse. La dernière action d'envergure des groupes armés remonte au 16 septembre, lorsque cinq militaires ont été tués à Djelfa par l'explosion d'une bombe artisanale qui a également blessé trois civils. Rappelons que l'ex-chef du Gspc, Nabil Sahraoui, et quatre autres éléments de son groupe, ont été tués par l'armée fin juin dans la région de l'Akfadou. Sahraoui est remplacé par Abou Mossaâb Abdelouadoud, de son vrai nom Abdelmalek Dourkdal.