Comme à l'accoutumée, l'Ugta organise une chaîne de solidarité très importante en direction des démunis à travers le territoire national durant tout le mois de Ramadan. A Alger, c'est le foyer des cheminots, sis à la rue Hassiba Ben Bouali, qui accueille chaque jour des centaines de personnes, heureuses de trouver chaque soir un repas chaud, distribué avec le sourire et dans une discrétion absolue. Samedi soir, c'est le secrétaire général de l'Ugta qui a décidé de partager le repas de tous les démunis que l'organisation, dont il a la charge, s'occupe de dispenser. Il était accompagné de Salah Djennouhat, secrétaire national chargé des affaires organiques. Côté gouvernement, qui n'a certes pas voulu demeurer en reste, c'est Tayeb Louh, ministre du Travail, qui a pris part à cette rencontre tout aussi conviviale qu'émouvante. Une heure au moins avant la rupture du jeûne, ils étaient des centaines à avoir déjà pris leur plateau, et à s'être trouvé une place au niveau des nombreuses tables disséminées à travers cette très vaste salle. Une petite et discrète salle, faisant office d'antichambre, a été réservée aux femmes et aux familles, lesquelles préfèrent s'adresser à ce genre d'institutions dans une plus grande discrétion. Outre les boissons minérales et les limonades de rigueur, le menu, complet et appétissant, se composait de chorba d'usage, d'une «chtitha» préparée semble-t-il par un chef, ainsi que de la salade, un chouia de «lham lahlou» et un fruit bien tendre. De quoi satisfaire les plus récalcitrants. C'est dans un climat bon enfant, teinté de petites plaisanteries et de conciliabules autour des tables que le repas a fini par s'organiser. Plusieurs personnes, reconnaissant Sidi Saïd, se sont levées, qui pour le saluer, qui pour lui souhaiter tout le bien du monde pour tout ce que fait l'Ugta en faveur des nécessiteux. Les travailleurs du foyer, tous bénévoles et doués d'une détermination à couper le souffle, ont observé la même discrétion qui est la leur, même face aux caméras de la télévision, et aux questions pressantes des journalistes venus nombreux aux nouvelles, depuis les fameuses et terribles mesures prises par les pouvoirs publics en conseil de gouvernement contre certaines activités syndicales. Celui qui fait le bien sincèrement et éperdument, ne veut en aucune façon que l'on s'en aperçusse, ni que l'on en parlât outre mesure. S'il est vrai que les débats ont été tout aussi chauds que conviviaux, les questions politiques ont soigneusement été écartées. Le mois de Ramadan, semble-t-il, serait l'occasion de faire un «break» pour tous. Le constat toutefois, n'est qu'en partie vrai, puisque le gouvernement met les bouchées doubles dans ses «réformes» menées de plus en plus souvent à la hussarde.