Manger du cachir en été, un risque à prendre «Le ministère de la Santé se constituera partie civile dans l'éventuel cas de découverte de vente délibérée des produits alimentaires constituant un danger public.» Le cachir et le pâté, ces deux types de saucissons d'origine algérienne, ne sont pas forcément nuisibles à la santé s'ils sont parfaitement conservés. Mais ils feront l'objet d'une vaste enquête à lancer au cours de cette semaine par les services de contrôle près la direction de la santé et de la population de la wilaya d'Oran. C'est ce que nous apprenons auprès des sources proches de la direction de cette institution, à savoir que «les services locaux en charge de la santé publique viennent d'être officiellement alertés par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, les sommant d'ouvrir plusieurs fronts d'enquêtes rentrant dans le cadre de la lutte contre la commercialisation des produits alimentaires pouvant constituer un quelconque danger sur la santé des consommateurs». Ce courrier, mettant en garde les services locaux de la santé publique, est plus qu'une alerte étant donné que ces destinataires sont invités à passer à l'action dans les plus brefs délais. Ces rédacteurs sont motivés à agir de la sorte, suite à la mort de trois personnes dans l'est du pays à la suite du botulisme qu'ils ont contracté après avoir consommé les deux produits en question: le cachir et le pâté. Localement, à Oran, aucun retard n'est à accuser quant à passer au peigne fin les commerces spécialisés dans la commercialisation d'un tel produit en prenant le prélèvement des échantillonnages des produits suspectés de constituer une menace pour la santé publique. Ce n'est pas tout. Le produit constaté à la limite de la date de péremption sera aussitôt saisi. Cette saisie systématique sera suivie par la prononciation de lourdes sanctions contre le contrevenant, voire le commerçant. Ces sanctions oscillent entre amendes et fermetures des lieux commerçants de tels produits. «Des poursuites judiciaires ne sont pas écartées», indique-t-on ajoutant que «le ministère de la Santé se constituera partie civile dans l'éventuel cas de découverte de vente délibérée des produits alimentaires constituant un danger public». Une série d'enquêtes est décidée par le ministère de la Santé. Les contrôleurs à dépêcher sur le terrain axeront leurs investigations, outre le cachir, sur les conditions de vente des autres produits périssables comme le lait et ses dérivés, les viandes rouge et blanche ainsi que les poissons. Une lourde tâche attend donc ces agents! Qui contrôler au juste? Par où va-t-on entamer l'enquête? Ira-t-on jusqu'à mettre en prison tous les contrevenants? Est-ce que les restaurants et les fast-foods seront concernés par les sorties des agents contrôleurs? La liste des interrogations est longue, étant donné que celle des contraventions perpétrées au su et au vu de tout le monde, est tout aussi longue! L'épidémie risque de frapper au moindre relâchement. Les Oranais ne sont pas près d'oublier de sitôt la peste qui a sévi en 2003 dans la région de Kehaïlia, près de Tafraoui. C'est à se demander pourquoi jusqu'au jour d'aujourd'hui, aucune conclusion sur l'enquête menée à l'époque n'a été rendue publique? Peu de réponses sont apportées, alors que les conditions de vente relevées dans les marchés risquent de mener droit vers des situations chaotiques, notamment en ce qui concerne la commercialisation des produits périssables dans des conditions déplorables! Ce n'est un secret pour personne, contrôler les lieux de restauration constitue le dernier des soucis de toutes les institutions locales en charge de la protection de la santé du citoyen. La ville d´Oran sombre dans des problèmes compliqués, ses habitants et ses visiteurs crient à l´arnaque. Manger un sandwich de calentica (farine de pois chiches) dans une gargote de Mdina Jdida ou encore dans les fast-foods de la crasseuse rue des Aurès (ex-la Bastille) est synonyme d´intoxication alimentaire; boire un jus au marché de la Bastille peut prolonger la durée de séjour à l´hôpital. En dépit de tous ces clichés connus par tout le monde, des dizaines de restaurants et fast-foods essaiment un peu partout renvoyant aux calendes grecques le respect des normes du commerce moderne, dont celui de la qualité, le service et les conditions d´hygiène. C'est une situation de fait accompli, en toute impunité, qui est imposée. Les cuisines sont devenues de grands réceptacles de toutes sortes de bestioles et autres germes, vecteurs de pathologies hautement dangereuses. Même les salles de restauration ne sont pas épargnées. Idem pour les barbecues et les rôtissoires rouillés dressés aux entrées des restaurants, ils sont livrés aux poussières et gaz toxiques des véhicules. Dans plusieurs fast-foods et gargotes d´Oran, les serveurs portent des tenues repoussantes et essuient les tables en utilisant des chiffons crasseux. Même constat chez les cuisiniers qui portent des blouses jamais lavées, pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois. En attendant ces «fameux» agents-contrôleurs, le risque d'une intoxication ambiante n'est pas écarté, notamment pendant cette période marquée par une forte chaleur.