Les travaux de la Conférence internationale sur la lutte contre l'extrémisme et la radicalisation ont débuté hier à Alger en présence de représentants de plus d'une cinquantaine de pays et d'organisations internationales spécialisées. Les travaux de la Conférence internationale sur la lutte contre l'extrémisme et la radicalisation ont débuté hier à Alger en présence de représentants de plus d'une cinquantaine de pays et d'organisations internationales spécialisées. La conférence est ouverte aux pays membres du FGCT, aux pays du Sahel, aux membres du Conseil de sécurité de l'ONU, aux représentants des organes onusiens chargés de la lutte contre le terrorisme, et aux organismes multilatéraux régionaux et internationaux. S'étalant sur deux jours, la conférence vise à identifier les défis communs à relever dans le domaine de la déradicalisation et de la lutte contre l'extrémisme violent, ainsi que les actions susceptibles de constituer des pistes de coopération au sein du système des Nations unies ou du Forum global de lutte contre le terrorisme (FGCT). La rencontre s'articule autour de huit principaux axes. Il s'agit de la «Présentation de l'importance et du rôle de la lutte contre l'extrémisme violent et la déradicalisation dans le combat contre le terrorisme», «Le rôle du système judiciaire dans la déradicalisation, y compris en milieu carcéral» et du «Rôle des instances religieuses dans la déradicalisation». Mais également : «La déradicalisation, la réhabilitation et la réintégration», «La déradicalisation et les efforts contre l'extrémisme violent par l'éducation, y compris par la promotion effective des méthodes d'enseignement, la formation professionnelle et l'emploi» ainsi que sur «Le rôle des médias, y compris les TV par satellite et les programmes religieux, dans la déradicalisation». LUTTER AUSSI CONTRE LA XENOPHOBIE ET L'ISLAMOPHOBIE «La lutte contre l'extrémisme violent et le terrorisme doit aussi inclure la lutte contre la xénophobie et l'islamophobie, lesquelles s'affirment comme les nouveaux visages de l'extrémisme violent», a indiqué le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, dans son allocution à l'ouverture de la Conférence. Pour M. Messahel, «non seulement, ces fléaux (la xénophobie et l'islamophobie) sont en expansion et portent atteinte à la dignité des communautés musulmanes installées dans certains pays d'accueil», «menacent aussi leur sécurité morale et, de plus en plus, leur intégrité physique» et contribuent à «la radicalisation et au recrutement dans les rangs des groupes extrémistes et même terroristes». M. Messahel a ajouté que la distinction entre l'Islam, religion de paix et de tolérance, et l'extrémisme «est une exigence de tous les instants qui interpelle toute la communauté internationale». Pour le ministre, l'extrémisme, qui n'est pas un phénomène nouveau comme le montre l'histoire de l'humanité, génère à chaque fois qu'il est mal traité, «les plus grand drames» et constitue actuellement «une menace en constante évolution». Il estime que l'absence de gouvernement capable et la faiblesse de la mobilisation citoyenne constituent «des facteurs favorisant le développement du terrorisme». Relevant aussi la nécessité de mener une lutte armée contre le terrorisme dans le «strict respect» des droits de l'homme et des valeurs humaines universelles, il ajoute que «enfreindre cette règle fondamentale, c'est courir le risque de se mettre au même niveau que les groupes terroristes». L'ERADICATION DES CAUSES FONDAMENTALES De son côté, le commissaire de l'Union africaine à la Paix et à la Sécurité, Smaïl Chergui, a souligné que la lutte contre l'extrémisme et le terrorisme nécessite un engagement plus large pour éradiquer les causes fondamentales du phénomène. Cette lutte doit, selon lui, s'orienter vers l'éradication des causes fondamentales qui favorisent la propagation du terrorisme», et cet objectif «nécessite des politiques nationales pertinentes reposant sur une compréhension exacte de la menace extrémiste dans son propre contexte». Il s'agit, dit-il, d'»extrapoler la sympathie de certaines composantes de la société avec les groupes terroristes et extrémistes, tout en réfléchissant sur les revendications locales, les orientations idéologiques de la société et le fossé entre le gouvernement et les citoyens». Le responsable de l'UA a, par ailleurs, relevé l'aggravation de la situation sécuritaire avec l'apparition de l'organisation terroriste autoproclamée Etat islamique (EI/Daech), qui a «provoqué la restructuration et à la propagation de groupes terroristes en Afrique». DISPOSITIONS SOCIALES ET RELIGIEUSES Pour le conseiller à la présidence de la République, Kamel Rezak Bara, il faut prendre des dispositions pour traiter les questions sociales, religieuses et spirituelles permettant de donner aux jeunes des défenses immunitaires contre le risque de recrutement terroriste. «Nous devons, à côté des questions sécuritaires, militaires, politiques et stratégiques, prendre également des dispositions pour traiter les questions sociales, religieuses et spirituelles qui nous permettent justement de donner à ces jeunes des défenses immunitaires contre ce risque (de recrutement. Il a ajouté que le terrorisme, par ses capacités de recrutement par voie d'internet, avait également «développé une idéologie qui met nos jeunes en particulier en danger» ; il «ne s'agit plus d'opérations terroristes ponctuelles qui viennent perturber la sécurité publique mais d'opérations de très grande ampleur qui visent des cibles d'importance stratégique, mettant en danger la sécurité et la stabilité des Etats démocratiques».