Au cours de la rencontre à laquelle avaient pris part des chercheurs, les nombreux intervenants n'ont pas manqué de souligner la richesse du patrimoine algérien. Le laboratoire du manuscrit de l'université Es-Sénia d'Oran, a abrité il y a quelques jours, une cérémonie de présentation de la structure et de ses oeuvres. Au cours de la rencontre à laquelle avaient pris part des chercheurs, les nombreux intervenants n'ont pas manqué de souligner la richesse du patrimoine algérien, une réserve en manuscrits actuellement sous la menace de l'usure du temps. Le Dr Mohamed Benaâma, le directeur du laboratoire, a révélé que le répertoriage des manuscrits exige du chercheur d'énormes efforts qui compromettent parfois les résultats de ses travaux. «Le laboratoire créé en 2000 est agréé par le ministère de tutelle sous l'appellation, le laboratoire des manuscrits de la civilisation islamique. 26 professeurs composent son encadrement pédagogique. Actuellement, il est chargé de deux missions : la recherche scientifique (magistère-doctorat) ensuite trouver les manuscrits, les répertorier, les publier et enfin préserver leur sauvegarde puisqu'ils font partie du patrimoine national», dira M.Benaâma. Il précisera au cours de son intervention que les manuscrits sont détenus en majorité par des privés qui montrent souvent des réticences quand il s'agit de mettre leur bibliothèque à la disposition du chercheur. «Plusieurs manuscrits ont quitté le territoire national, vendus par une mafia en gestation qui s'intéresse aujourd'hui à l'aspect de notre histoire», avouera-t-il. Concernant l'âge des manuscrits, il révèlera que les équipes de recherche du laboratoire ont exhumé, déchiffré et répertorié des oeuvres qui remontent à quatre siècles, «des oeuvres conservées dans les compartiments de la tige des roseaux et fermés hermétiquement». Leur contenu varie entre le fiq'h de l'imam Malik, des actes notariés, de la poésie, des cours de grammaire et de conjugaison de la langue arabe et même certains thèmes liés à la logique. Au cours de la rencontre, le laboratoire a présenté le n°2 de sa revue semestrielle qui traite des aspects liés au manuscrit et à la civilisation arabe. Le Dr.Benmaâmar, chercheur, a présenté ses travaux sur l'oeuvre d'El-Maqqari (Er-Rihla), une oeuvre qui a permis de connaître la personnalité de son auteur qui a dépassé les frontières du Maghreb arabe, tout comme Ibn Khaldoun. El-Maqqari, qui est né à Magra, une localité coincée entre M'sila et Barika, racontera dans son oeuvre le voyage qui l'avait conduit à Tlemcen. L'oeuvre qui a été déchiffrée et répertoriée par une équipe du laboratoire, constitue une référence en la matière. Le chercheur, auteur de l'étude, dira que le professeur qui avait entamé l'étude préliminaire sur la vie et l'oeuvre d'El-Maqqari, s'est plaint des lacunes qui pouvaient remettre en cause les résultats de ses travaux. «La biographie d'El-Maqqari comportait des manques difficiles à expliquer tout comme le manuscrit d'Er-Rihla, déchiffré une première fois par l'orientatliste Delphine qui avait amputé l'oeuvre de certaines de ses parties probablement égarées», dira-t-il. Pour sa part, le Dr Mellah Lahouari, auteur d'une étude sur les oeuvres du cheikh Tayeb El-Mehazi. A l'instar des autres chercheurs, s'est plaint de la difficulté de convaincre les propriétaires des manuscrits à les mettre à la disposition du laboratoire. Le professeurs Haddadou Sid Ahmed, dira, quant à lui, qu'un projet national de sauvegarde du manuscrit a été agréé et que l'inauguration d'un centre national du manuscrit est imminente. Il énumèrera au cours d'une rencontre avec lui, les réserves en manuscrits qui existent au Sud et qui restent détenues par des particuliers et des zaouyates. «A Béchar, il existe plus de 60 réserves que nous comptons répertorier. Actuellement, nous avançons doucement dans nos travaux, puisque nous sommes arrivés à convaincre certains propriétaires à nous confier leurs manuscrits pour leur numérisation en vue de les déchiffrer et les répertorier. Nous sommes parvenus à déchiffrer et à sauver de la détérioration, des manuscrits qui datent de l'occupation ottomane ainsi qu'un acte de vente établi durant la dynastie zyanide».