Les groupes armés, Gspc et GIA, ont frappé à la périphérie des villes, en faisant le plus de dégâts possible et en encourant le moins de risques. Le Ramadan 2004 semble se détacher de la vue politique d'ensemble du pays et de la situation sécuritaire, appuyé par un discours officiel fait de calme et de relance économique. Avec 22 personnes assassinées, huit autres blessées et plusieurs attentats à la bombe, nous sommes revenus aux années 2000-2001, car les deux derniers Ramadan avaient donné la fausse impression que les actes de violence était définitivement circonscrits. Les maillages sécuritaires opérés au niveau de la capitale par la police ont rassuré les citoyens depuis l'attentat à la bombe contre la centrale électrique d'El-Hamma, puis le démantèlement d'une cellule du Gspc au niveau du quartier populaire d'Al Aqiba, à Belouizdad (ex-Belcourt). Au maillage sécuritaire policier dans les zones urbaines a répondu celui de la Gendarmerie nationale sur les axes routiers, les zones suburbaines et rurales. Dans son ensemble, et grâce au renseignement, la stratégie sécuritaire recherchée par les responsables de la sécurité intérieure a fonctionné. Seulement, voilà : les groupes armés ont frappé à la périphérie des villes, en faisant le plus de dégât possible et en encourant le moins de risques. Le carnage perpétré dans la forêt de M'sennou, où seize personnes avaient été sauvagement assassinées, a préludé d'un inquiétant et inattendu retour du GIA. Le crime a porté la signature de cette organisation qu'on disait finie. Il y a trois jours, le Gspc répond en écho au GIA en assassinant cinq personnes : deux militaires, deux policiers et un civil, sur la route Tizi Ghennif - Draâ El-Mizan, à l'ouest de Tizi Ouzou, à une heure où il faisait encore jour. A Skikda, région boisée fortement investie par des sections du Gspc, l'explosion de deux bombes à proximité d'un cantonnement de la garde communale, là encore, en plein jour, n'a pas fait de victimes, mais deux gardes communaux et un militaire ont été touchés et évacués à l'hôpital. D'autres explosions qui ont fait au moins cinq blessés légers ont été signalées par des chefs de détachements militaires au passage de leurs véhicules dans les régions où la présence de petits groupes du Gspc est signalée. A Chlef, une cellule de soutien du Gspc est démantelée et ses deux membres mis en détention préventive, tandis qu'à Boumerdès et Tizi Ouzou, la police judiciaire est sur la piste d'au moins trois groupes de soutien au Gspc. A Oued Fodda, dans la région est de Chlef, un repenti du GIA a été égorgé et jeté à la périphérie de son douar, dit Kouadjelia. Sa famille avait donné l'alerte il y a huit jours et affirmé que sa disparition pouvait signifier que quelque chose de grave lui était arrivé. Les récentes déclarations du ministre de l'Intérieur, Noureddine Zerhouni, le maillage sécuritaire, tant policier que gendarme, observé dans la capitale et les grandes villes du centre du pays, avec occupation rigoureuse du terrain et un filtrage minutieux des véhicules au niveau des axes routiers menant vers Alger, sont autant de renseignements sur la crainte des autorités de voir un retour des actes de violence dans les centres urbains. Le Ramadan 2003 n'a connu aucun acte de violence majeur et aucun assassinat n'avait été enregistré, faisant de lui le premier Ramadan calme depuis 1992. Mais aussitôt, nous avons observé un déploiement du Gspc suivi d'assassinats ciblés pratiquement sur toutes les routes et les villages de Boumerdès et de Tizi Ouzou, avec un pic : l'assassinat spectaculaire de huit gendarmes à bord de deux véhicules 4x4 dans la région de Béjaïa.