C'est la première fois depuis deux ans que des assassinats sont commis en plein Ramadan. Depuis l'attentat à la bombe contre la centrale électrique d'Alger, le maillage policier se fait plus prononcé. C'est la première fois depuis deux ans que des assassinats sont commis en plein Ramadan. Les seize jeunes qui ont été ciblés et tués dans un faux barrage, près de Hamdania à Médéa, ne pensaient plus au terrorisme depuis fort longtemps : le GIA était fini et bien fini, mort de sa belle mort, et il n'y avait plus de raison, pour les jeunes de la Mitidja, d'avoir du souci à se faire en se rendant nuitamment à Alger, à moins de trente minutes en voiture. L'assassinat, tout aussi inattendu, de trois autres jeunes, dans la ville de Larbaâ, presqu'à la même heure (entre 20h00 et 20h30) donne une première lecture à faire sur le vif : la réactivation du GIA. Les responsables militaires estiment à une quinzaine seulement les résidus du groupe islamique armé, totalement laminé par la lutte antiterroriste, mais ce nombre, dérisoire par rapport aux 20.000 hommes opérationnels en 1994-95, continue à tuer. Le Ramadan de 2003 s'est terminé sans qu'un attentat terroriste ne vienne perturber le calme du mois sacré, mais cette année, les données semblent tout autres. L'important dispositif sécuritaire mis en place dans la capitale et la périphérie - Blida, Boumerdès, Tipaza - est impressionnant. Des policiers de la Bmpj sillonnent les places publiques et les points chauds, les marchés populaires et les arrêts de bus. En fait, ce qui devait donner l'impression que la sécurité domine la ville et veille sur les citoyens nous replongea subrepticement dans les images de feu, où les manifestations d'un maillage policier et militaire rigoureux faisaient pièce aux incursions répétées des groupes armés dans les centres urbains. Aujourd'hui, l'armée quitte peu à peu la place publique pour revenir à de nouvelles missions, alors que la gendarmerie se déploie dans la sécurisation routière dont elle fait son sacerdoce. Quand des ratissages sont opérés en montagne, ce sont généralement des forces combinées qui sont en mission. Le travail mené donc dans les agglomérations urbaines est partagé entre la police judiciaire et le département recherche et sécurité (DRS). Depuis 2002, c'est quasiment un sans-faute pour les deux services, avec notamment le démantèlement d'au moins cinq cellules opérationnelles incrustées en plein Alger (cellules de Belcourt, Chéraga, Debussy, etc.). Cependant, le terrorisme ciblé et urbain version Gspc semble aujourd'hui prendre du recul pour laisser libre cours à celui destructeur et aveugle du GIA. Le réveil de ce dernier groupe, qui survit encore dans la plaine de la Mitidja, à Médéa et Tipaza, en a dérouté plus d'un. Aux tentatives infructueuses du Gspc de s'infiltrer dans la capitale (c'est, en fait, le premier objectif du nouvel émir, Abdelmalek Deroudkel, dit «Abou Mossaâb Abdelwadoud») répondent le massacre et le coup médiatique réussi d'un GIA crépusculaire. Cette nouvelle donne semble désorienter les responsables de la sécurité intérieure, qui doivent désormais réfléchir à protéger les villages et les hameaux, fonction qui devrait être dévolue aux détachements militaires et aux escadrons de la gendarmerie, mieux implantés en milieu rural. La mort des seize personnes à Médéa, avant-hier, remet en cause beaucoup d'acquis sécuritaires et sonne comme une urgence pour trouver le moyen de faire, de nouveau, échec aux nouvelles mutations des groupes armés, car, insidieusement, et sans en avoir l'air, ils ont quand même pu tuer près de 65 personnes depuis le début de septembre 2004.