La bombe de 4 kg désamorcée, hier, à Meissonier, au centre d'Alger, renseigne sur la stratégie de renouer avec la psychose dans la capitale. Les groupes armés, qui nous ont habitués à cette stratégie à l'approche du mois sacré, tentent, encore une fois, de transposer la terreur dans les villes. Selon toute vraisemblance, ce sont les groupes affiliés au GIA qui sont derrière ces tentatives, pour la simple raison que ce sont toujours eux qui ont usé de ces stratagèmes de la terreur en faisant appel à leurs «réseaux dormants» dans la capitale. Les deux plans arrêtés par les GIA consisteraient à instaurer un climat d'insécurité par le biais des explosifs et des voitures piégées, en faisant un maximum de victimes en un minimum de temps. Aussi, marchés, gares, aéroports et autres lieux publics seront particulièrement ciblés. On peut supposer aussi que le Gspc tente, lui aussi, de transposer la guérilla urbaine dans la capitale. Et il a au moins deux bonnes raisons pour le faire. La première consiste à quitter le fief kabyle, où sa stratégie n'a pas eu les résultats escomptés. Témoins en sont la non-adhésion de la population à sa politique violente qu'il prêchait par communiqués et bulletins affichés, et aussi les pertes importantes que l'organisation de Hassan Hattab a enregistrées dans les fiefs de Mizrana, Sidi Ali Bounab, Thakhoukht, etc. La deuxième raison serait que cette tentative de transpercer le bouclier sécuritaire autour d'Alger répond à l'impératif de faire écho à la guerre d'Oussama Ben Laden et des taliban contre les Etats-Unis. Mis à l'index des organisations terroristes par la Maison-Blanche, ainsi d'ailleurs que le GIA, le Gspc a de bonnes raisons de frapper, ici et maintenant. Ne serait-ce que pour narguer l'administration Bush. Quoi qu'il en soit, la menace est la même. Aussi, pour l'endiguer, les services de sécurité ont déjà mis en place un dispositif conséquent. Une cellule spéciale de lutte antiterroriste a déjà été prévue à cet effet. Composée de troupes spécialisées, venues de corps d'élite de la Dgsn et du DRS, elle sera appuyée de jeunes des quartiers qui ont déjà eu à travailler dans la surveillance, la collecte de l'information et la supervision des choses dans les quartiers. Des policiers en civil se chargeront, eux aussi, de saisir, dès les premières minutes, tout mouvement anormal, attitude douteuse ou paquet suspect. Ce genre de «plan de vigilance et de prévention» sera fonctionnel au début de la semaine et interviendra comme un filet dans la capitale et les grandes agglomérations urbaines. Les villages et les cités périphériques bénéficieront des troupes de la GN, des GLD et des gardes communaux. La police urbaine, cheville ouvrière de ce plan, bénéficiera d'un apport supplétif de près de 3000 agents, selon des sources informées. Le ramadan, mois sacré s'il en est, est toujours perçu par les groupes armés comme un espace-temps durant lequel il faut redoubler de violence et d'activité. Celui de cette année aura cette caractéristique d'intervenir dans un contexte politique international marqué par les bombardements US contre les Afghans. Les groupes armés algériens feront largement écho à cette guerre et s'y appuieront dans une large mesure pour répondre aux Etats-Unis.