Une vue de la conférence de presse présidée par Ali Haddad (président du FCE) Suite au gaspillage constaté dans la gestion des subventions qui ne profitent pas qu'aux nécessiteux, le FCE préconise une réforme on ne peut plus rationnelle de la gestion de celles-ci. «Nous sommes fiers d'appartenir à un pays qui fait de la justice sociale une priorité nationale, mais le système des subventions doit être réformé. Car, contrairement à ce qui se dit, c'est le fait que tout le monde, y compris les riches, les industriels et les touristes, en bénéficient» a déclaré hier, Ali Haddad, président du Forum des chefs d'entreprise lors d'une conférence de presse qu'il a tenue à l'issue d'une rencontre avec le Premier ministre. En effet, dans la matinée d'hier, une délégation du FCE a été reçue par Abdelmalek Sellal pour mettre au clair certaines propositions remises par les patrons au mois d'avril dernier dans le cadre d'un plaidoyer sous l'intitulé «Pour l'émergence de l'économie algérienne». «L'Algérie dépense annuellement 60 milliards de dollars en subventions. Ceci est injuste et est inacceptable. Nous avons proposé de cibler les ménages, ce qui va entraîner une réduction de 30% de ce chiffre. Il est temps que l'on arrête le gaspillage» a-t-il indiqué également. En guise de réforme du système des subventions, le FCE préconise l'instauration d'une «allocation de solidarité pour les personnes et ménages ciblés, notamment les foyers sans ressources ou vivant sous le seuil de la pauvreté (1.8 de foyers), les foyers dont le revenu est égal au Snmg (1.2 million) et les foyers au revenus égal à 1.5 le Snmg (600.000 familles). Pour la mise en place de ce dispositif qui, à terme, mettra fin au gaspillage qui entache la politique nationale des transferts sociaux, le Forum des chefs d'entreprise a suggéré un calendrier qui s'étale sur huit semestres même si l'urgence est, selon tous les présents de mise. En effet, abordant la problématique de la dépendance de l'économie nationale de la rente pétrolière, ainsi que celle des tensions budgétaires induites par la chute des prix des hydrocarbures dans le marché mondial, le président du FCE a appelé à la mobilisation de toutes les forces vives du pays sans distinctions entre les secteurs privés et publics. «Au FCE, nous défendons l«'entreprise nationale quelle qu'elle soit. Nous n'avons jamais demandé la privatisation des entreprises publiques et nous ne voulons pas récupérer l'actif public. Ce qui nous intéresse est de faire des partenariats au service de l'économie nationale car, en définitive, il n'y a que les Algériens qui peuvent développer l'Algérie, jamais les étrangers ne le feront», a-t-il relevé avant d'ajouter: «Il faut qu'on se mette au travail.» Commentant par ailleurs, la rencontre de la délégation du FC avec le Premier ministre, Ali Haddad s'est montré très satisfait et a remercié Sellal au nom du FCE pour sa disponibilité et sa coopération. «Nous sommes très satisfaits de notre entrevue avec le Premier ministre. Celui-ci était très sincère et a montré l'engagement de l'Etat à mettre en oeuvre nos propositions dans l'objectif de redresser notre économie et la dépénalisation de l'acte de gestion qui vient d'être décidée en est une preuve irréfutable», a relevé le patron des patrons. De plus, a souligné Ali Haddad, «le patronat est en parfaite symbiose avec le gouvernement». Prenant la parole, Brahim Benabdeslam, a déclaré qu'il y a «des mesures d'urgences qui sont prises dans le cadre de la LFC 2015 et d'autres, d'ordre stratégique, qui seront adoptées prochainement dans le cadre de l'élaboration du Code des investissements». Néanmoins, l'adhésion du FCE à la démarche du gouvernement et la lune de miel qui semble régner entre les deux n'est, fondamentalement que le fruit d'une conjoncture marquée par une crise économique semblable à celle de 1986 et des tensions budgétaires qui ne sont pas sans mettre le gouvernement dans l'embarras, pour ne pas dire dans l'impasse. Conscients de cette situation politiquement fragile, les membres du FCE, notamment Brahim Benabdesslam et Laïd Benamor, n'ont pas hésité à appeler à la mise en place «d'un plan d'émergence qui s'inscrit dans le long terme» et d'éviter de sombrer, encore une fois, «dans les pièges des réformettes de conjonctures et des démarches n'obéissant pas à des visions stratégiques». En réponse à une question de L'Expression, Ali Haddad n'a d'ailleurs pas manqué de lancer un avertissement solennel à l'adresse du gouvernement qui serait, éventuellement, tenté de revenir sur sa démarche réformatrice si jamais les prix du pétrole venaient à remonter la pente. «Nous sommes totalement engagés avec le gouvernement, mais quand il faudra lui dire non, on n'hésitera pas à le faire», a-t-il clamé, catégorique.