Comme au Kenya, la visite du président américain à Addis-Abeba, dont le point d'orgue sera un discours au siège de l'Union africaine (UA) aujourd'hui, doit être largement consacrée à la lutte contre le terrorisme. Barack Obama est arrivé hier à Addis-Abeba pour des entretiens avec le Premier ministre Hailemariam Desalegn, au premier jour d'une visite de 48 heures inédite en Ethiopie qui devrait essentiellement être consacrée aux questions sécuritaires. Barack Obama effectue le premier déplacement d'un président américain dans ce pays de la Corne de l'Afrique, quelques heures après un nouvel attentat des islamistes somaliens shebab à Mogadiscio contre lesquels il a aussitôt affirmé que les Etats Unis maintiendront une pression constante L'Ethiopie, comme le Kenya où le président américain se trouvait ce week-end, combat les insurgés en Somalie au sein d'une force de l'Union africaine (Amisom). Les Etats-Unis les attaquent eux-mêmes régulièrement via des drones. L'attentat de Mogadiscio, contre un hôtel abritant les ambassades de Chine, du Qatar et des Emirats arabes unis, a fait au moins 13 morts. Comme au Kenya, où Barack Obama a estimé que les shebab étaient «affaiblis», la visite du président américain à Addis-Abeba, dont le point d'orgue sera un discours au siège de l'Union africaine (UA) mardi, doit être largement consacrée à la lutte contre le terrorisme. L'Ethiopie, pays le plus peuplé d'Afrique après le Nigeria, est un partenaire-clé de Washington dans la Corne de l'Afrique. S'agissant des droits de l'homme, le département d'Etat américain a mentionné dans son dernier rapport des «restrictions à la liberté d'expression», le «harcèlement et l'intimidation des membres de l'opposition et des journalistes», ainsi que des «procès politiques» en Ethiopie. Dans la capitale éthiopienne, le président américain a aussi participé à un mini-sommet sur le Soudan du Sud, ravagé par 19 mois d'une guerre civile qui a fait des dizaines de milliers de morts, en même temps que les dirigeants éthiopien, kényan et ougandais, mais aussi le ministre soudanais des Affaires étrangères, Ibrahim Ghandour. L'idée sera d'essayer d'obtenir un consensus pour des sanctions, si l'ultimatum lancé aux belligérants pour qu'ils signent enfin un accord de paix d'ici le 17 août reste lettre morte. Sept cessez-le-feu - tous systématiquement violés - ont déjà été signés par le camp du président Salva Kiir et les rebelles dirigés par son ancien vice-président, Riek Machar. Aujourd'hui, à l'UA, Barack Obama s'adressera de nouveau au continent après le sommet USA-Afrique en août 2014. «Nous attendons l'exécution de différentes initiatives, dans la construction des infrastructures de transports et télécommunications», a indiqué Jacob Enoh Eben, porte-parole de la présidente de la Commission de l'UA, Nkosazana Dlamini-Zuma. «Barack Obama va amener avec lui les grandes entreprises américaines. Sa visite prouve qu'il faut venir en Afrique». Alors que l'Afrique est secouée par de nombreuses crises, du Burundi au Soudan du Sud en passant par la Centrafrique, les acteurs de la société civile attendent que M. Obama pousse aussi l'UA à faire respecter davantage sa propre Charte de la démocratie, des élections et de la gouvernance. Hormis quelques portraits et drapeaux américains sur la route de l'aéroport, Addis-Abeba ne montrait aucun signe de l'«Obamania» qui a saisi le Kenya pendant sa visite. L'Ethiopie, peuplée de 95 millions d'habitants, affiche une croissance annuelle de quelque 10% sur les cinq dernières années, selon la Banque mondiale.