Il a tenu à marquer l'événement en tant que président de tous les Algériens. L'Assemblée populaire nationale avait rendez-vous hier avec la patrie, c'est en tout cas ce qu'aurait souhaité son président, Amar Saïdani, qui a réussi le précédent d'inviter le Président de la République dans l'enceinte de la chambre basse du Parlement. Le tout nouveau président de l'institution législative n'est pas parvenu à rassembler l'ensemble des sensibilités politiques qui font l'Algérie d'aujourd'hui. En effet, si l'on a compté hier, Yassef Saâdi, Belaïd Abdessalam, Rédha Malek, Ali Haroun, parmi les présents, l'on déplore néanmoins l'absence d'autres grosses cylindrées de la révolution algérienne et pas des moindres. Abdelhamid Mehri, Ahmed Taleb Ibrahimi et bien entendu Hocine Aït Ahmed, dont l'absence n'a échappé à personne sont de ceux-là. Même si l'autorité militaire était représentée au plus haut niveau à travers le général Gaïd Salah, ainsi que l'ensemble des institutions de la République, à l'image du Sénat et du Conseil constitutionnel, le cinquantenaire de la Révolution n'aura pas scellé les retrouvailles des frères rassemblés par la lutte armée et dispersés par l'attrait du pouvoir. En d'autres termes, la réconciliation des «historiques» n'a pas été totalement au rendez-vous, même si le chef de l'Etat y a consacré une bonne partie de son discours devant les élus de la nation. Quant à la génération d'hommes et de femmes arrivée à la politique après l'indépendance du pays, le même constat peut être fait. En effet, hormis les personnalités dont les partis siègent à l'APN, l'on a constaté l'absence, dans la partie de l'hémicycle réservée aux invités, des chefs de gouvernement qu' a connus l'Algérie, à l'exception bien sûr de Rédha Malek et de Belaïd Absessalam. Dans son discours, le chef de l'Etat a justement fort insisté sur le sens de l'Etat chez ces anciens compagnons, en citant outre les défunts Bitat et Boumediene, Bentobal, Ben Bella, que le président de la République a tenu à en faire des présents, comme pour souligner une certaine continuité de l'Algérie «qui ne meurt pas avec la disparition des hommes». Une certaine sélectivité qui n'a pas échappé aux observateurs avertis, rappelant au passage tout le chemin qui reste à parcourir pour aboutir à la véritable réconciliation nationale. Cela dit, le chef de l'Etat a donné hier, l'image d'un homme déterminé à «déghetthoïser» le concept de «réconciliation nationale» que certains cercles politiques veulent confiner au seul aspect islamiste. «C'est une lecture réductrice», a-t-il asséné. A ce propos, le président de la République a affiché une détermination sans faille quant au refus catégorique de l'Etat de discuter avec quiconque qui ne rejette pas clairement et officiellement la violence. Sur ce chapitre, Bouteflika était à l'aise devant les députés à propos du bilan sécuritaire de son premier mandat. Enfin, à l'essentiel de ce face-à-face pouvoir exécutif-pouvoir législatif, le chef de l'Etat a tenu à marquer l'événement du cinquantenaire en tant que président de tous les Algériens, toutes générations confondues. Il a prôné la paix entre les enfants d'une même patrie, mais sans que tous lesdits enfants aient été physiquement présents pour l'entendre le leur dire. Dans quelques jours, ce sera au tour de trois ténors de la scène politique nationale, Hocine Aït Ahmed, Abdelhamid Mehri et Mouloud Hamrouche qui s'exprimeront eux aussi sur le parcours de l'Algérie depuis le premier coup de feu qui a abouti à la libération du pays à aujourd'hui.