Alors que la protesta anti-transporteurs publics va en s'amplifiant, un camionneur a percuté de plein fouet un jeune manifestant qui tentait de lui bloquer le passage à Oued Ghir le tuant sur le coup. Cela fait trois jours que la circulation automobile sur la route nationale 26 est perturbée par un mouvement de protestation qui n'est pas près de connaître son épilogue. Les usagers des transports en commun sont en colère en raison de la dernière augmentation décidée par le syndicat des transports et c'est à juste titre lorsqu'on connaît le pouvoir d'achat de l'Algérien moyen qui n'admet plus aucune augmentation de quelque nature qu'elle soit. Afin de dénoncer cette augmentation qualifiée «d'injuste et d'inopportune», les usagers de ces moyens de transports n'ont comme recours que la protestation. Laquelle protesta s'élargit désormais pour toucher la quasi-totalité des localités de Béjaïa. Emboîtant le pas à ceux de Tala Hamza, qui avaient manifesté leur colère pendant l'été, les habitants de Mellala, Semaoun et Requit ont décidé d'empêcher les véhicules de transport de voyageurs de circuler. Cette mesure, décidée en réaction à l'augmentation des tarifs des tickets, était, hier, à son troisième jour à Mellala, localité de la banlieue de Béjaïa où ils étaient hier matin plusieurs dizaines de citoyens à occuper la chaussée de la RN26, interdisant le passage aux véhicules de transport en commun. Le même scénario a été signalé, ces derniers jours, à Akbou et Sidi Aïch où les usagers sont gagnés par la même colère qui n'est apparemment pas prête de s'estomper car ni le déplacement des élus de l'APW ni celui du wali de Béjaïa n'ont pu ramener les protestataires à de meilleurs sentiments. Il y a lieu de rappeler que cette augmentation des tarifs de transport de voyageurs de l'ordre de 5 DA sur toutes les lignes interurbaines avait été annoncée en pleine saison sur les ondes de Radio Soummam, soit 12 heures à peine après un accident de la circulation qui avait coûté la vie à 13 personnes. Cette augmentation qui n'a suscité qu'indignation et ressentiment, n'a été suivie d'effet que progressivement, d'où ces réactions en série. Au vu de la loi, rien n'interdit à ces transporteurs d'augmenter les tarifs des billets. Ce qui explique la gêne éprouvée par les représentants des pouvoirs publics qui, lorsqu'ils interviennent se contentent de faire des promesses qui sont loin d'apporter la solution définitive au conflit. A écouter les deux parties s'exprimer, il est difficile de faire la part des choses tant les arguments des uns et des autres restent valables. Que faire alors pour désamorcer ces multiples conflits dans une wilaya qui brille par l'absence d'un cadre juridique pour la défense des consommateurs. Ces derniers livrés à eux-mêmes ne trouvent pas d'oreille attentive, voilà le pourquoi de cette protesta désordonnée et loin de produire l'effet escompté. A Béjaïa, les transporteurs continuent à imposer leur diktat parce qu'en face, il y a une administration qui livre les autorisations d'exploitation de lignes au compte-gouttes et qui ne se soucie guère d'un véritable plan de transport en mesure de répondre à une demande sans cesse croissante. Ajoutons qu'il n'a pas de cadre légal pour défendre les intérêts des usagers. C'est en fait à ce niveau-là que se situe la solution au problème actuel. La demande est telle que la libération des autorisations d'exploitation devient une nécessité afin d'équilibrer le rapport de l'offre et de la demande et par voie de conséquence cela pourrait, à ne pas en douter, déboucher sur une baisse conséquente des prix des tickets. N'est-ce pas là la logique de l'économie de marché? En tout état de cause, cela reste une opinion partagée aussi bien par les transporteurs que par les usagers.