A Béjaïa, les grèves et les débrayages se suivent et se ressemblent dans le fond et dans la forme même s'ils divergent de par le secteur d'activité. Ces dernières années la wilaya de Béjaïa a été un acteur de premier rôle dans tous les mouvements de protestation. Est-ce à dire que les autres wilayas ne sont pas concernées par ces revendications et que tout baigne dans l'huile dans le meilleur des mondes ou bien Béjaïa est avant tout avant-gardiste de par la prise de conscience politique de sa population? La question mérite amplement d'être posée pour comprendre ce phénomène qui, au-delà des revendications, le plus souvent légitimes, perturbe néanmoins la bonne marche de la cité. En effet, rien que pour ce mois de carême, la wilaya de Béjaïa a été le théâtre de plusieurs mouvements de grève dont le dernier en date a été l'oeuvre de collégiens. Ces derniers avaient durant 48 heures occupé la rue pour dénoncer la nouvelle grille de frais du concours du BEF qui est passée de 400 à 700 dinars pour l'année en cours. Auparavant, c'étaient les enseignants et les transporteurs de se distinguer par leurs débrayages. Et dans ce sillage, nous apprenons que le syndicat d'entreprise des travailleurs de la formation professionnelle, pour ne pas être en reste, a décidé de se mettre de la partie en appelant les travailleurs à faire des journées des 7 et 8 novembre 2004, des journées de protestation. Dans un document transmis à la rédaction le syndicat fait un constat des plus effroyables de la situation socioprofessionnelle des travailleurs. Selon les rédacteurs «à 1 mois de la clôture de l'exercice budgétaire de l'année 2004, les salaires, primes et indemnités des travailleurs», semblent compromis par l'insuffisance du budget «que pourtant rien ne justifie». Sur sa lancée, la syndicat dénonce l'attitude impertinente de certains responsables qui n'hésitent pas, en cette période de grandes dépenses, à accuser des retards dans le versement des salaires. Cet état de fait est la conséquence directe de l'absence d'un DFP à Béjaïa et «d'ailleurs, certains échos font état du report de son installation au-delà de la date fixée par le ministre». L'absence d'un DFP ne fait que pénaliser un peu plus les travailleurs qui, privés d'un interlocuteur responsable pour poser avec acuité leurs doléances, se retrouvent livrés à eux-mêmes. Dans ces revendications, le syndicat exige, selon le document, un complément budgétaire pour la prise en charge de tous les salaires, primes et indemnités de l'année 2004 ainsi qu'une régularité des salaires, la concrétisation de l'opération des transformations de postes, la régularisation de la situation des logements domaniaux Opgi, la généralisation de la prime de qualification aux corps communs. Par ailleurs, le SET-FP, tout en adhérant à l'effort d'augmenter l'offre de formation à un plus grand nombre de jeunes exclus du système scolaire, interpelle les responsables au niveau central pour remédier «aux conditions de travail défavorables des enseignants induites par cette nouvelle politique de recrutement». En effet, la surcharge des classes et ateliers (60 par classe) est inacceptable.