Une instance provisoire, dirigée par ces deux hommes, est venue remplacer le très controversé « groupe des douze ». Le FLN s'achemine-t-il enfin vers le règlement de crise qui le secoue depuis plus d'une année ? En cette commémoration du cinquantenaire de la Révolution et de sa naissance, nous serions tentés de répondre par l'affirmative. Au moment où les blocages étaient revenus sur le devant de la scène politico-médiatique et où les dirigeants des deux camps donnaient l'air d'aller vers des affrontements, il semble qu'une rencontre qui a eu lieu entre Abdelaziz Belkhadem, jusque-là absent du territoire national et Abdelkrim Abada, ait conduit à un véritable coup de théâtre en permettant au dernier moment de trouver un consensus entre les anciens redresseurs d'une part et les ex-pro-Benflis de l'autre. Abada, qui défendait bec et ongles la légitimité et la légalité du groupe des douze, émanation du comité central issu du 7ème congrès, instance suprême du FLN depuis l'annulation de ses 8ème assises, a ainsi accepté de faire un très grand compromis en mettant sous le boisseau son fameux groupe, qualifié selon ses propres termes, de «douze salopards par certains redresseurs». Une instance provisoire, chargée de gérer les affaires courantes du parti, vient ainsi d'être mise en place en ce jour anniversaire. Le geste est hautement symbolique, a tenu à préciser Abada qui ne désespère pas de voir le FLN quitter définitivement l'écueil de cette crise sans qu'il n'y ait ni vaincu ni vainqueur, puisque le FLN, «première force politique du pays, a besoin de l'ensemble de ses enfants, de ses cadres, de ses élus et de ses militants dans le but de se maintenir dans cette position privilégiée». Toujours est-il que cette instance provisoire, en attendant la tenue du 8ème congrès dit rassembleur, sera composée de quatre personnes. Il s'agit de deux anciens pro-Benflis, Salah Goudjil et Abdelkrim Abada, ainsi que deux ex-redresseurs, à savoir Amar Saïdani, président de l'APN et Saïd Bouhedja. L'instance est coordonnée par Abdelaziz Belkhadem, et c'est précisément là que réside la concession faite par Abada, jouissant pourtant de la précieuse légitimité du comité central issu du 7ème congrès. Dans l'état actuel des choses, si les textes liés au 8ème congrès sont déjà finalisés, le nouveau défi consiste à rassembler les rangs au sein de la base. Pour cela, des missions devraient être programmées dès la semaine prochaine aux quatre coins du pays dans le but de faire rencontrer entre eux les mouhafedhs et les coordinateurs de chaque wilaya afin de sceller la paix et d'aller vers des assemblées générales pour dégager les congressistes de chaque wilaya. Sur ce point, Amar Tou, très pointilleux, estime que la couleur du comité central prochain dépendra de celle des congressiste, d'où la nécessité de permettre à la base de décider souverainement et librement de ses représentants. Tou, qui y attache une importance démesurée, ajoute qu'il faudra également veiller à ne pas placer les pleins pouvoirs entre les mains du prochain secrétaire général afin d'éviter «les dérapages qui se sont déjà produits». Dans l'état actuel des choses, si les préparatifs se poursuivent à un rythme soutenu et si aucune nouvelle donnée n'en vient contrecarrer le déroulement, Amar Tou, ainsi que de nombreux autres cadres consultés, estiment que le 8ème congrès, dit rassembleur, a toutes les chances de se tenir vers la fin de cette année.