Les conservateurs, qui viennent de monter au créneau, donnent l'air d'avoir le vent en poupe. La crise politique qui s'annonce semble d'autant plus menaçante et précise que le MSP s'achemine, lui aussi, vers un retrait similaire. Il semble bien, en effet, que la nomination de Mohamed Megharia, «un homme atypique et incapable de garder soudés les courants composant ce parti», nous dit-on, n'ait été qu'un intermède. Le courant conservateur, dirigé croit-on savoir par Bougerra Soltani et Abderrezak Mokri, président du groupe parlementaire du MSP, vient en effet de monter au créneau alors que le porte-parole du parti, Abdelmadjid Menasra vient de confirmer que les statuts du parti seront respectés et que le congrès devant permettre l'élection d'un remplaçant au défunt Mahfoud Nahnah aura lieu dans les 45 jours suivant sa mort, c'est-à-dire avant le 3 août prochain. Une rencontre du conseil consultatif national est prévue pour le 2 juillet prochain. Elle déterminera définitivement les rapports de force traversant le parti politique du défunt Mahfoud Nahnah. Cette rencontre extraordinaire, durant laquelle les conservateurs seront présents en force, devra impérativement fixer la date du congrès. Un rendez-vous attendu dans le mois qui suit et qui tranchera définitivement l'avenir immédiat de ce parti, mais aussi celui du pouvoir. Abderrezak Mokri, enfant terrible du parti, qui ne s'est jamais gêné de livrer ses pensées au grand jour, souhaitant maintes fois que son parti se retire du gouvernement, mais respectant quand même les décisions prises par les instances, tente actuellement un forcing afin que ce souhait devienne enfin une réalité. Selon ce député, très influent à l'APN et au sein du majliss echoura du MSP, ce parti «n'a plus rien à faire au gouvernement», d'autant, nous expliquent des sources proches de la direction de ce parti, que «notre représentation y est devenue purement symbolique». Abderrezak Mokri, lui, estime que son parti «s'est sacrifié en prenant part aux gouvernements successifs depuis de nombreuses années dans le but de sortir le pays de la crise politique et institutionnelle qui l'a secoué depuis plus d'une dizaine d'années». Or, celle-ci est dépassée. En langage décodé, «le Mouvement de la société pour la paix doit penser un peu à lui en se retirant du gouvernement, en soignant de nouveau sa crédibilité et en se préparant activement à affronter les futures échéances électorales». Là encore, la position ne laisse guère de place au doute. Le MSP compte bel et bien présenter son propre candidat lors de la prochaine présidentielle. Chemin faisant, la crise institutionnelle qui risque d'en résulter promet d'être insurmontable pour le RND seul. Le MSP, qui a enregistré un très net recul ces deux dernières années, cédant la place même au MRN, compte bien reprendre la place qui n'aurait jamais dû cesser d'être la sienne. Dans tout cela, c'est bien la position du Président de la République qui semble être fragilisée, puisqu'il risque, dans un proche avenir, de ne plus disposer des mêmes soutiens qui lui garantissaient une large majorité pour gouverner, voire pour briguer un second mandat. Cela, au moment où les crises ne cessent de se multiplier et où il est devenu de plus en plus chimérique d'en venir intégralement à bout et de satisfaire plus ou moins chacun. Une nouvelle crise politique, voire institutionnelle, se profile bel et bien à l'horizon.