L'ancien chef terroriste, Madani Mezrag Face aux déclarations de Madani Mezrag faisant état d'un retour éventuel de l'ex-FIS sur la scène politique, son arrogance devant les autorités publiques, l'inquiétude et le doute gagnent les esprits. L'ancien chef terroriste, Madani Mezrag a-t-il fait un deal avec l'ANP lui permettant d'agir ostentatoirement sur le terrain en vue de réinvestir le champ politique? Le retour des ex-membres du FIS dissous est-il souhaitable? Va-t-il apporter un plus à la scène politique nationale? Autant de questionnements qui intriguent la classe politique nationale. Pour le RCD, parti qui s'est distingué au début des années 1990 par sa position antiterroriste, «une telle sortie n'est pas nouvelle». Le fait de laisser Madani Mezrag intervenir sur des chaînes de télévision est une atteinte à la démocratie. Mais il y a déjà, un précédent: «Cet ex-chef terroriste a été reçu à la présidence de la République (dans le cadre des consultations pour la révision de la Constitution, Ndlr) et ceci est vraiment quelque chose de très grave qui dénote de la faillite de l'Etat». Pour le Rassemblement pour la culture et la démocratie, le retour de Madani Mezrag, qui a publiquement assumé les crimes qu'il a commis au nom de l'AIS, «est non seulement non souhaitable, mais condamnable». Seulement, le parti de Mohcine Belabas ne se fait pas d'illusion quant à l'authenticité de la démarche de Mezrag. En effet, selon Athmane Mazouz, chargé de communication de ce parti, «le pouvoir algérien nous a habitués à instrumentaliser la question islamiste et on y est toujours». «C'est pour faire peur aux Algériens, c'est pour dire que le péril islamiste est toujours là.» C'est dire que, le péril islamiste incarné par l'AIS et son chef, Madani Mezrag, est une sorte d'épée de Damoclès que l'on place au-dessus de la tête des Algériens pour les empêcher d'agir dans l'objectif de créer un rapport de force en faveur de la démocratie. Pour Soufiane Sakheri, porte-parole de Jil Jadid, «il est difficile de dire que Madani Mezrag a fait un deal avec le pouvoir. Néanmoins, il est fort probable qu'un clan l'ait instrumentalisé pour faire peur aux Algériens, une façon de court-circuiter l'initiative de la Cnltd appelant à la mise en place d'un processus de transition démocratique effectif». De plus, analyse Soufiane Sakhri, «chaque citoyen algérien a le droit de faire de la politique. Mais, s'agissant de Madani Mezrag, il a publiquement revendiqué des actes terroristes, ce qui fait qu'il est ineligible à l'exercice de la politique selon les dispositions du pacte de la concorde civile». Le même responsable ajoute qu' «il est inadmissible qu'il existe deux armées dans le pays: l'Armée nationale populaire et l'Armée islamique du salut. Le fait que l'AIS organise un camp d'été au vu et au su de tout le monde veut dire qu'il y a un grand dysfonctionnement au sommet de l'Etat». Le Parti des travailleurs, quant à lui, considère que la question relative au retour des ex-membres du FIS sur la scène politique n'est pas sans importance. Néanmoins, précise Ramdane Taâzibt, député du parti, «il faut savoir raison garder et ne pas ouvrir d'autres fronts». En effet, fidèle à son discours appelant au règlement de tous les dossiers liés à la tragédie nationale avant d'aborder une quelconque question inhérente au FIS, s'interdit de participer à faire diversion et préfère faire face aux multiples problèmes que vit le pays. Le FFS, dont le chargé de la communication, Youcef Aouchiche, nous a répondu mais s'est excusé en disant que «le FFS ne veut pas entrer dans ces détails». Le MDS, connu pour sa littérature anti-islamiste acerbe, n'a pas manqué l'opportunité pour crier au scandale. «La fédération de Mostaganem du MDS dénonce avec fermeté la tenue de la rencontre d'une 'Armée islamique'' alors qu'il n'existe qu'une et une seule armée de la République: l'ANP». Il s'inquiète qu'une telle organisation puisse bénéficier de l'opacité qui règne dans les institutions de l'Etat pour tenir une telle manifestation en contradiction avec la loi quand un parti légal se voit empêché de tenir son congrès», écrit ce parti dans un communiqué dont nous détenons une copie. De plus, ajoute le même communiqué, cette sortie de Madani Mezrag «est une atteinte à l'Etat de droit, une marque du caractère despotique du pouvoir que l'émir décrété personnalité nationale n'hésite pas à mettre en avant, sans recevoir de démenti de la moindre institution». Les autres partis, notamment le FLN, le RND, le MPA, le TAJ et le FNA ont été injoignables et face à cette réaction mitigée de la classe politique, une question reste posée: Madani Mezrag a-t-il effectivement eu des garanties de la part de certains segments de l'Etat ou de quelques responsables de l'Armée? L'AIS prépare-t-elle son retour, sous une autre forme, sur la scène politique nationale? A ces questions, les bonnes réponses ne peuvent être données que par les autorités politiques et sécuritaires du pays.