Le scandale des armes de destruction massive (ADM) a pesé de tout son poids dans ces élections. Quelque 156 millions d'Américains étaient appelés, hier pour choisir le 44e président des Etats-Unis d'Amérique. Choisir entre le président sortant, le républicain G. W.Bush et le démocrate John Kerry, engagés dans une élection considérée comme l'une des plus serrées dans l'histoire des Etats-Unis, a été qualifié d'«épreuve difficile» par un tabloïd américain. Car, non seulement ce scrutin intervient dans une conjoncture exceptionnelle, à cause des répercussions de la guerre en Irak, mais surtout en raison des enjeux qu'il représente pour la planète tout entière. C'est peut être la première fois, depuis la guerre du Vietnam que l'action militaire de la Maison Blanche a suscité autant de controverses aussi bien chez les médias que sur la scène politique américaine. D'ailleurs, l'extrême polarisation du scrutin illustre la fracture qui coupe le pays en deux depuis le début d'une campagne dominée par un sujet: la lutte contre le terrorisme et l'invasion d'un pays dont le mobile brandi par les «faucons» de la Maison Blanche n'a pas tardé à fondre comme neige au soleil. Le scandale des armes de destruction massive(ADM) qui avaient servi de justificatif à l'administration Bush pour lancer son offensive contre son ancien allié Saddam Hussein, a pesé de tout son poids dans ces élections, à travers, notamment le mouvement des familles des marines tués en Irak, qui ont fait un remarquable travail de sensibilisation de l'opinion publique américaine et, par là même, contribué grandement à la campagne de John Kerry. Aussi c'est la première fois depuis 32 ans que l'on assiste à une élection présidentielle alors que les Etats-Unis sont en guerre. Alors une question s'impose: comment voteront les millions de nouveaux électeurs inscrits depuis le dernier scrutin? Quel impact aura le conflit en Irak et les morts quasi-quotidiennes de soldats américains? A propos des pertes humaines depuis le début de la dernière guerre en Irak., un dernier bilan donne l'effarant chiffre de 1300 soldats américains tués dans le Golfe persique. Un bourbier duquel le président sortant n'arrive pas à s'extirper, de crainte que cela soit interprété comme un échec par l'opinion publique américaine. En outre si le président sortant considère que les Etats-Unis «avaient eu raison d'agir» en Irak pour «promouvoir la liberté, l'espoir et la démocratie dans le Grand Moyen-Orient», le sénateur Kerry, quant à lui estime que M.Bush «a pris des options catastrophiques sur l'Irak». L'autre élément et non des moindres l'irruption d'Oussama Ben Laden dans la bataille électorale, sert-il l'un des deux candidats, d'autant plus que le chef d'Al Qaîda constitue une obsession pour les Américains qui avaient, un certain 11 septembre 2001, découvert son «oeuvre» à travers l'anéantissement des tours jumelles du World Trade Center. Cette nouvelle donne(les menaces de Ben Laden, ndlr) servira-t-elle d'atout pour le président Bush? Nous sommes donc devant une élection à plusieurs inconnues. Les Américains, qui gardent en mémoire l'aventure vietnamienne, vont-ils opérer un vote-sanction à l'encontre de G.W.Bush, ou au contraire appuyer sa politique en Irak, tant il s'agit en premier lieu de protéger les intérêts politiques et géostratégiques des Etats-Unis? Il est encore trop tôt pour anticiper sur le comportement de l'électorat américain.