La question relevant de la nature des terres dans cette région demeure épineuse au vu de sa spécificité historico-juridique. La situation est électrique au village Mira relevant de la commune de Timizart, situé à une trentaine de kilomètres au nord-est du chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou. Une journée de violence ce lundi dernier a généré un climat de tension alternant la peur qui perdure encore. Un conflit sur une parcelle de terre opposant deux parties du même village a tourné à des affrontements d'une violence jamais vue. Au-delà des arguments des uns et des autres et les causes de la violence, il convient de signaler que les élus et les responsables locaux en portent, seuls, la responsabilité pour plusieurs raisons. D'abord, le conflit ne date pas de cette semaine. L'origine remonte à 2009, lorsque certains villageois ont commencé à exprimer leurs craintes de voir le conflit augmenter d'intensité. En effet, le conflit a été porté sur la table des autorités locales depuis 2010. Depuis cette date, ni les élus qui se sont succédé à la tête de l'APC ni les responsables locaux en lien avec le dossier ne sont intervenus pour dénouer le conflit qui demeurait encore latent. Pourtant, les villageois de Mira n'ont pas cessé de lancer des appels. Des sit-in devant la mairie ont été organisés. Devant l'inertie des responsables, les villageois ont même tenu un rassemblement devant le siège de la wilaya. Aussi, aujourd'hui, les autorités sont les seules responsables de la situation de pourrissement qui perdure. Par ailleurs, la question relevant de la nature des terres dans cette région demeure épineuse au vu de sa spécificité historico-juridique. L'Etat se doit d'éclaircir en concert avec les populations la différence entre une terre bien public et bien collectif d'un village ou d'une tribu. Les terres appelées «Mechmel» sont-elles un bien de l'Etat donc domanial ou un bien collectif appartenant à l'ensemble des membres d'un même village ou tribu? Ainsi, c'est de la résolution de cette question que dépend la fin de ce conflit que seule la sagesse des villageois peut maintenir dans la proportion acceptable. La région d'Aït Jennad est connue depuis des siècles pour la sagesse de ses populations et les érudits qu'elle a donnés au Maghreb tel qu'El Ghobrini.Enfin, jusqu'à hier, les habitants des deux versants du village Mira ne désespéraient pas encore de voir les autorités compétentes jouer leur rôle pour apaiser la situation.