Le Conseil constitutionnel du Burkina Faso a déclaré mardi soir 42 partisans du président déchu Blaise Compaoré, dont le chef de son parti, «inéligibles» aux législatives d'octobre devant se tenir concomitamment avec la présidentielle, a-t-on appris de source officielle. Ces pro-Compaoré, parmi lesquels figurent Eddie Constance Komboïgo, le patron du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, le parti de Compaoré) et Me Gilbert Noël Ouédraogo, chef de l'Alliance pour la démocratie et la fédération/Rassemblement démocratique africain (ADF/RDA), sont reconnus coupables d'avoir «activement» soutenu un projet de modification constitutionnelle qui a été fatal au régime Compaoré. Ces deux personnalités se sont également déclarées candidates à la présidentielle. Deux anciens ministres du dernier gouvernement de Compaoré, Toussaint Abel Coulibaly (Aménagement du territoire et Décentralisation) et Amadou Diemdioda Dicko (délégué à l'Alphabétisation) ont également été déclarés «inéligibles». Le reste est constitué d'anciens députés et d'acteurs de la société civile. Ces personnes sont visées par une loi votée en avril par l'assemblée intérimaire mise en place après la chute de M. Compaoré qui rend «inéligibles» les personnes ayant «soutenu un changement inconstitutionnel portant atteinte au principe de l'alternance démocratique». La Cour de justice de la Cédéao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest dont le Burkina est membre) avait, dans une décision rendue en juillet, affirmé que le Burkina Faso par cette loi d'exclusion des pro-Compaoré commettait une «violation flagrante des droits de l'Homme, des libertés d'opinion, y compris politique, notamment la liberté de participer aux élections et d'être élu» et avait demandé au pays de revenir sur la décision. Les juges constitutionnels ont estimé que «l'Etat du Burkina Faso n'a pas mis en oeuvre la décision (...) de la Cour de justice de la Cédéao» et que le code électoral excluant les pro-Compaoré des futures élections «reste en vigueur». Les décisions du Conseil constitutionnel ne sont susceptibles d'aucun recours. Cependant, les partis de l'ex-majorité ont toujours la possibilité de remplacer les candidats déclarés «inéligibles» par de nouveaux candidats. Un régime dit de «transition», dirigé par le président Michel Kafando et le Premier ministre Isaac Zida, a été mis en place après la chute de M. Compaoré. Il doit prendre fin avec les élections présidentielle et législatives dont le premier tour est prévu le 11 octobre.