La bourse des citoyens ainsi que l'honneur de leurs représentants sont plus ou moins saufs. La polémique autour de certains articles contenus dans la loi de finances 2005 aura fait long feu. Les groupes parlementaires représentant l'alliance présidentielle, ou du moins ce qu'il en reste, se sont réunis ce dimanche, à la veille du vote, dans le but de dégager des positions consensuelles, qui soient à mi-chemin entre les représentants de l'opposition d'une part, et ceux du gouvernement dont ils sont solidaires d'autre part. Nous apprenons, dans le même temps, que des rencontres-marathon ont également eu lieu entre les présidents des groupes parlementaires du RND, du MSP et du FLN et ceux du PT et du mouvement El Islah, à la poursuite des mêmes buts. Les partis de Louisa Hanoune et d'Abdallah Djaballah, se sachant minoritaires dans une assemblée qui a toujours voté conformément au «sens du vent», ont bien été forcés de «composer». Comme nous le disent des sources proches de ces deux groupes parlementaires, la politique de l'affrontement pur ne peut rien résoudre, et aurait même été fatale aux citoyens si la loi de finances était passée telle qu'elle. Toujours est-il que le plus gros a été fait, et l'honneur de l'APN plus ou moins préservé en même temps que la bourse des plus larges couches de la société algérienne. Même si quelques sons et votes, discordants ont été observés au sein des groupes parlementaires les plus représentatifs, un quasi-unanimisme a pu être obtenu sans encombre vis-à-vis de l'abrogation pure et simple de l'article prévoyant une hausse de 7 % sur la TVA (taxe sur la valeur ajoutée) à propos des médicaments. «Ces produits, indiquent l'ensemble des députés rencontrés, ont connu des hausses très importantes, rendant quasi-impossible l'accès aux soins aux personnes défavorisées. Il n'est donc pas besoin d'en rajouter, à un moment où la situation financière nationale est au beau fixe, et où il aurait été au contraire plus judicieux de procéder à des baisses dans les prix des médicaments.» La même logique a accompagné la lutte acharnée menée contre un des alinéas de l'article 26 de ce projet de loi. Le gasoil n'augmentera désormais que d'un seul dinar au lieu des cinq que voulait imposer le ministre des Finances. C'est une véritable flambée de grogne sociale qui a ainsi été évitée puisque le prix du gasoil, mine de rien, détermine ceux du transport, du pain, de l'électricité et de nombreux autres produits de toute première nécessité. Or, le «deal» contracté pour une «poignée de dinars» entre les députés autour de cet article, «bidouillé» à cause d'un important cafouillage qui a fait perdre aux consommateurs les deux dinars de réduction du prix du «sans-plomb», n'a guère été du goût du ministre des Finances, lequel risque fort de jeter l'éponge. Cela paraît d'autant plus plausible, que le conflit entre lui et le chef du gouvernement n'est plus un secret pour personne. Ajouter à cela le fait que les députés les plus récalcitrants ont accepté de voter la réduction dans le prix futur du gasoil contre la reconduction de l'article interdisant l'importation de certaines boissons alcoolisées. L'article, en effet, a fait florès en ce mois de Ramadan, et pas seulement dans le camp islamiste. Or, dans sa loi, Benachenhou exposait de la manière la plus claire qui soit, le caractère «illégal» d'une pareille mesure, risquant de faire subir à l'Algérie de sévères sanctions de la part des institutions financières internationales, mais aussi des plus importants de nos partenaires économiques et commerciaux.