Me Azzi estime que le président Bouteflika n'a peut-être pas l'intention de briguer un troisième mandat. Il n'a pas pu expliquer néanmoins l'effervescence de partis politiques, dont ceux de l'Alliance présidentielle, et les organisations de masse à soutenir cette option. Une discussion a été engagée, hier au Forum d'El Moudjahid, sur la révision constitutionnelle. L'initiative est bonne en soi au moment où le projet va sur son aboutissement. Il n'en demeure pas moins que les trois invités du quotidien national n'ont point alimenté un débat contradictoire, qui aurait eu le mérite de rompre avec l'unanimisme consacré autour de l'amendement de l'article 74, lequel autorisera des mandats présidentiels illimités. Me Azzi, président de la Commission nationale de mise en œuvre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, M. Taâzibt, député du Parti des travailleurs et le vice-président de l'Association des parlementaires algériens, se sont prononcés pour la révision de la loi fondamentale et la liberté des candidatures à la présidentielle. Les quelques nuances dans leurs discours apparaissaient uniquement dans les changements que chacun voudrait retrouver dans la Constitution. Me Azzi a relevé que la révision de 1996, intervenue dans une conjoncture sécuritaire, sociale et politique difficile, comporte des erreurs et de multiples contradictions avec les lois de la République. Il a cité l'exemple de la liberté du culte, énoncée dans l'article 36 de la loi mère, qui se met en porte-à-faux avec la disposition de la loi sur l'exercice du culte non musulman qui interdit l'évangélisation. Il a justifié évidemment la nécessité de modifier le fameux article 74 par sa contradiction avec l'article 10, qui stipule qu'il“n'y a pas de limite pour la représentation du peuple”. Sauf que certains juristes estiment que cette disposition fait plutôt référence aux élus nationaux (députés) et locaux, considérés dans l'absolu comme les légitimes représentants des citoyens. “Quels que soient les amendements apportés à la Constitution, il faudrait les soumettre à référendum”, a-t-il recommandé. Jusqu'alors, la révision constitutionnelle est focalisée quasi exclusivement sur un troisième mandat pour le président Bouteflika. Un référendum serait carrément un plébiscite pour l'actuel locataire du palais d'El Mouradia. Cela ne risquerait-il pas de discréditer l'élection présidentielle de 2009, qui serait alors à candidat unique ? “La candidature de M. Bouteflika à la présidentielle est une question prématurée. Le chef de l'Etat n'a pas encore déclaré son intention de briguer un troisième mandat”, a répondu Me Azzi. Pourtant, depuis plusieurs semaines, la chaîne nationale n'a de cesse d'ouvrir son JT de 20 heures avec des soutiens de leaders de parti, à leur tête ceux de l'Alliance présidentielle, et de représentants d'organisations de masse et d'associations, au principe du troisième mandat. D'ailleurs la révision de la Constitution ne semble motivée que par cet objectif. C'est justement ce qui a incité un avocat, présent hier au Forum d'El Moudjahid, à affirmer que “l'Algérie n'a pas besoin, en ce moment, d'une nouvelle constitution, mais d'un contrat social”. Il a jugé plus opportun de donner le temps nécessaire à un groupe d'experts pour préparer, dans les règles de l'art, une mouture d'une bonne constitution. Il a déclaré, en conclusion, que “le pouvoir absolu incarne la corruption absolue”. Pour M. Taâzibt, élu du PT, il ne convient pas de réviser la loi fondamentale “sans prendre en compte les paramètres de la vie sociale et politique”. Tout en soutenant qu'elle ne devrait pas être circonscrite à l'article 74, il a informé que son parti cautionne le principe de la liberté de candidatures. Le vice-président de l'Association des parlementaires algériens a estimé qu'il est impératif que la société civile puisse s'exprimer sur cette démarche. Souhila H.