Les artisans font les comptes sur les ventes effectuées et leurs campagnes de promotion de leurs produits. Ont-ils suffisamment rentabilisé leurs déplacements dans les foires et salons? Après un été ponctué par de nombreux salons et fêtes dédiés aux produits du terroir, l'heure est au bilan. Les concernés, c'est-à-dire les artisans, font les comptes sur les ventes effectuées et leurs campagnes de promotion de leurs produits. Ont-ils suffisamment rentabilisé leurs déplacements dans les foires et salons? En fait, le bilan financier de ces manifestations est négatif. Certains artisans et autres producteurs que nous avons contactés font état de la balance négative, comparant les frais de participation et les recettes engrangées. «Je n'ai rien gagné. Il n'y avait pas beaucoup de visiteurs. Pas assez en tout cas pour faire vivre un métier» constate avec peine Lounès, un artisan de Makouda. Un autre bijoutier nous révèle que ses ventes n'étaient pas satisfaisantes. Le public venu aux différentes foires auxquelles il avait pris part ne suffisait pas pour équilibrer la balance budgétaire. En effet, les témoignages étaient nombreux pour affirmer que l'organisation des foires et salons des métiers traditionnels et des produits du terroir ne fait qu'avaler des budgets colossaux. L'investissement de l'Etat pour promouvoir ces richesses s'engouffre d'année en année, emportant avec lui les métiers traditionnels qui s'éteignent l'un après l'autre. Aujourd'hui, il faut accepter le fait que l'organisation de ces fêtes a échoué malgré les bonnes volontés. Les indicateurs de l'échec sont nombreux. Parfois, ils sont visibles même par le néophyte. En effet, depuis près de deux décennies, la wilaya de Tizi Ouzou connaît des manifestations de ce genre durant toutes les saisons. Jusqu'à aujourd'hui, le produit phare de la région, l'huile d'olive, ne trouve pas pleinement ses débouchés vers les marchés nationaux et encore moins vers l'international. Toutes les tentatives de sa mise sur les circuits internationaux ont buté sur des obstacles bureaucratiques comme l'absence de label et de facilités douanières à l'export. La cerise dont la fête est consacrée comme une tradition à Larbaâ Naït Irathen se vend toujours sur le trottoir comme un vulgaire fruit et non celui des rois. Deux exemples qui mettent en évidence cet échec que personne, les organisateurs comme les élus et l'administration, ne veulent assumer. Pourtant, les indicateurs sont nombreux. D'aucuns avaient remarqué que durant l'été, les deux villes côtières de la wilaya accueillent des millions d'estivants. Ce potentiel considérable d'éventuels acheteurs est passé, hélas, à côté des exposants des divers produits du terroir et des arts traditionnels. Ils n'ont pas profité de la présence de ces touristes venus pourtant se reposer et découvrir le terroir local. Une manne financière dilapidée par une gestion approximative de ce créneau qui devait revenir aux spécialistes de la publicité. Et ce ne sont pas les boîtes privées qui manquent à Tizi Ouzou. Pourtant, jusqu'à présent, l'organisation de ces manifestations, pourtant dénuées de toute idée novatrice, est squattée par la direction de la culture et celle de l'artisanat. Ce ratage d'une saison estivale propice à la vente est aussi le signe de la faillite de la démocratie locale. Les partis politiques n'accordent, à voir cet échec, aucun intérêt à la notion d'intercommunalité pourtant consacrée dans la loi. D'ailleurs, pour ces manifestations, même les artisans et producteurs, eux-mêmes, ne savent pas très bien si elles sont culturelles ou commerciales. En tout cas, jusqu'à présent, on ne sait faire ni l'un ni l'autre et encore moins faire les deux à la fois.