Il n'est pas dans l'intérêt des producteurs de l'Opep de réduire leur production Le niveau actuel du prix du baril pénalise fortement les entreprises américaines spécialisées dans la production du pétrole de schiste. L'Arabie saoudite avait décidé de ne rien faire face à la dégringolade des prix du pétrole. Selon sa stratégie, contestée au demeurant au sein de l'Opep même, l'extraction du pétrole de schiste, ne deviendrait plus rentable à partir d'un certain niveau du prix du baril. Ce qui pousserait les Etats-Unis à renoncer à l'exploitation de cette ressource et pousserait par conséquent les prix à la hausse. Une position contestée par de nombreux observateurs et au sein de l'Opep même dont plusieurs membres étaient favorables à une réduction de leur plafond de production pour faire face à l'effondrement des prix du pétrole. Le temps semble jouer en faveur de la position défendue par le chef de file du cartel. Elle est en tout cas confortée par l'entretien accordée par Bertrand Chokrane, économiste français de pointure mondiale au site d'information Sputnik. Selon lui, les Américains sont dos au mur. Ils doivent tout faire pour remonter les cours de l'or noir. C'est l'histoire de l'arroseur arrosé. Après s'être lancés dans la production du pétrole de schiste, ce qui a eu pour conséquence d'inonder le marché au point d'en impacter de façon inquiétante les cours de l'or noir les Etats-Unis seront probablement obligés de faire marche arrière. Certains pays et non des moindres en ont déjà subi le contrecoup à l'instar du Canada qui est entré en récession. Les économies des membres de l'Organisation des pays producteurs de pétrole ont été quant à elles terriblement éprouvées. L'Algérie y fait face en tentant de booster sa production et de promouvoir des secteurs hors hydrocarbures pour sortir de sa dépendance à l'or noir. A leur tour les Américains sont sur le point de connaître un magistral retour de bâton si l'on en croit la démonstration d'un expert de renommée internationale. Contraints et forcés ils devront contribuer à sortir le baril de cette mauvaise passe, à laquelle ils ne sont pas étrangers. La raison? Le niveau actuel du prix du baril qui se situe sous la barre des 50 dollars pénalise fortement les entreprises américaines spécialisées dans la production du pétrole de schiste. «Lorsque le baril passe sous la barre des 50 dollars, les entreprises du secteur pétrolier sont dans des situations très différentes», commence par expliquer Bertrand Chokrane, économiste et président de la compagnie BC Consulting dans une interview accordée au site d'information Sputnik. En subissent-elles les conséquences de la même manière? L'expert affine son analyse: «Tout dépend des seuils de rentabilité et des techniques d'extraction. Les majors'' sont encore profitables. (...) Ce n'est pas le cas des petites structures, des entreprises du gaz de schiste ou des entreprises parapétrolières», précise-t-il. Que va-t-il se passer dans ce cas? «Les Etats-Unis, qui misent sur la production de pétrole de schiste depuis 2006, ne peuvent pas laisser se déprécier à un niveau aussi bas leurs stocks de pétrole», fait remarquer Le patron de BC Consulting. «C'est pourquoi les cours du pétrole ne peuvent que remonter», souligne Bertrand Chokrane. Une bonne nouvelle qui tendrait à renforcer la position adoptée par l'Arabie saoudite qui a décidé de laisser filer les prix pour contrer la production du pétrole de schiste américain qui a inondé un marché déjà pléthorique. Une initiative qui a largement participé à faire chuter les prix de plus de 50% depuis le mois de juin 2014. «Il n'est pas dans l'intérêt des producteurs de l'Opep de réduire leur production, quel que soit le prix (...). Que ça descende à 20, 40, 50 ou 60 dollars, il n'est pas pertinent de réduire l'offre», avait déclaré, au mois de décembre 2014, le ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Nouaïmi, au Middle East Economic Survey (Mees), une revue spécialisée qui fait autorité dans le monde sur les questions du gaz et du pétrole. Une position qui commencerait à donner ses fruits si l'on se réfère aux commentaires du président de BC Consulting. Riyadh fera-t-elle capituler Washington? Attendons pour voir...