«Le cinéma est l'art du pauvre.» Nicolas Boukhrief - Studio Magazine - Avril 2004 Alors qu'on attend un film sur l'affaire Charlie Hebdo, un film risque de parler de lui dans les prochains jours: «Made In France», réalisé par l'ancien responsable de la fiction à Canal+ Nicolas Boukhrief. «Qui sont ces personnes? Comment en sont-elles arrivées là? Comment leur intégration a-t-elle pu échouer à ce point?, c'est la question que se pose Nicolas Boukhrief, né d'un père algérien et d'une mère française, sur la page Facebook du film, avant d'ajouter: «Je suis totalement concerné par ces questions et me sens légitime pour traiter un tel sujet.» Le film qui sortira le 4 novembre prochain, fait déjà débat. Nicolas Boukhrief dévoile une première bande-annonce pour ce thriller intense qui traite de la création d'une cellule djihadiste à Paris. Une histoire qui nous rappelle celle d'un autre journaliste algérien Mohamed Sifaoui, qui a infiltré une cellule d'Al Qaîda à Paris. Son reportage «J'ai infiltré un réseau terroriste» remporte même le Grand Prix Jean-Louis Calderon, dans la catégorie vidéo du 17e Festival international du scoop et du journalisme en 2003. Sifaoui a même participé au scénario du film «La Désintégration», réalisé par Philippe Faucon, sorti en salle le 15 février 2012, en pleine affaire Merah. Même s'il n'existe aucune collaboration entre les deux auteurs algériens, Boukhrief raconte l'histoire de l'infiltration de Sam, journaliste indépendant, interprété par Malik Zidi, qui profite de sa culture musulmane pour infiltrer les milieux intégristes de la banlieue parisienne. Il se rapproche ainsi d'un groupe de quatre jeunes qui ont reçu pour mission de créer une cellule d'action au coeur de Paris...Un thriller d'infiltration tendu et rythmé tourné avant les terribles évènements de janvier de Charlie Hebdo. Et l'intégration d'un Français d'origine africaine n'est pas due au fait du hasard. En attendant de voir le film, c'est l'affiche qui fait pour le moment polémique. Incisive, racoleuse et déroutante est l'affiche montrant un fusil d'assaut Kalachnikov AK-47, l'arme préférée des terroristes, se fondre dans le monument parisien qui représente la France à travers le monde entier, la tour Eiffel. Pour les médias français, cette image en dit plus long qu'une accroche sur la menace intégriste, celle directement fabriquée à travers l'embrigadement de certains jeunes Français de confession musulmane dans la mouvante salafiste. À noter qu'en raison de son sujet sensible en lien direct avec l'actualité, le film a failli ne pas être distribué dans les salles obscures. «Made In France» a pourtant été mis en chantier avant les terribles attentats de janvier. Finalement, c'est la société Pretty Pictures qui a distribué en France le film saoudien de Wadjda de Haifaa Al-Mansour et de Omar de Hany Abu-Assad qui se charge de la distribution de ce polar produit par Canal+. A voir absolument. [email protected]