Des milliers de réfugiers musulmans aux portes de l'Europe La réunion risque fort d'être houleuse, opposant pour la toute première fois les pays occidentaux comme la France, la Belgique et surtout l'Allemagne, à l'avant-garde d'une politique d'accueil volontariste, aux pays d'Europe centrale. A la veille de la réunion en conseil extraordinaire des ministres de l'Intérieur et de la Justice des 28 à Bruxelles, pour tenter de maîtriser la crise migratoire «sans précédent» qui touche l'Union européenne, la ville de Munich, en Allemagne, est saturée par l'afflux de milliers de réfugiés. 12.200 réfugiés sont arrivés à Munich durant la seule journée de samedi, mettant les capacités d'accueil de la ville à rude épreuve alors que de nombreux autres «migrants» affluent depuis les Balkans, via la Hongrie puis l'Autriche. Ainsi, bon nombre de nouveaux arrivants dorment à la «belle étoile», faisant craindre d'ici deux ou trois mois, avec l'arrivée des rigueurs hivernales et la saturation des centres d'hébergement, des situations de crise humanitaire aggravées. Aujourd'hui, les ministres de l'Intérieur et de la Justice des 28 pays de l'UE vont donc tenir une réunion d'urgence à Bruxelles pour se pencher sur une situation «qui a pris des proportions sans précédent», selon le communiqué du gouvernement luxembourgeois qui assure la présidence tournante de l'Union. La réunion risque fort d'être houleuse, opposant pour la toute première fois les pays occidentaux comme la France, la Belgique et surtout l'Allemagne à l'avant-garde d'une politique d'accueil volontariste aux pays d'Europe centrale, la Hongrie, la Bulgarie et la Pologne dénonçant véhément l'invasion du Vieux Continent par l'islam via les réfugiés syriens. Si la réaction de ces trois derniers pays peut s'expliquer par de vieux ressentiments qui remontent à l'époque de la domination ottomane, auxquels s'ajoute la crainte d'une fermeture des portes face à leurs propres migrants qui ont investi l'Europe du Sud par vagues successives deux décennies durant, rien n'indique qu'ils auront gain de cause face à une Allemagne dont la générosité est mue par le besoin de rajeunir au plus vite une population vieillissante et de booster le taux de natalité. Une aubaine, les réfugiés syriens? Sans le moindre doute, car, cerise sur le gâteau, la majorité d'entre eux sont diplômés et en quête d'une terre d'asile durable. La pression exercée sur la Hongrie qui a accueilli, pas plus tard que samedi dernier, 4330 réfugiés en transit pour le destin allemand va valider la thèse des partisans d'une ligne dure qui, outre la fermeture de la frontière avec la Serbie par le biais d'une double ligne de fils de fer barbelés, consistera dès le 15 septembre en une autorisation accordée aux militaires de tirer à vue sur quiconque tenterait de traverser clandestinement. En Allemagne même, plusieurs dirigeants ont mis en garde contre la saturation des capacités d'accueil et réclamé des «mesures efficaces» pour arrêter l'afflux des réfugiés dont le nombre pourrait atteindre 800.000 comme l'a déclaré Angela Merkel, surnommée «Maman» par les réfugiés syriens envers lesquels elle a manifesté un sentiment qui tranche avec l'islamophobie ambiante de l'Europe, d'Est en Ouest. Pourtant, les forces de la haine et du racisme n'ont pas empêché des dizaines de milliers de manifestants en Grande-Bretagne, en Belgique, en Espagne et bien sûr en Allemagne de réclamer à leurs dirigeants plus d'humanité et plus de générosité dans l'accueil des réfugiés, contestant la frilosité des chiffres annoncés par plusieurs gouvernements, de plus contraints et forcés par l'exemple d'Angela Merkel. Au même moment, à Varsovie, mais aussi à Budapest, quelques milliers de néo-Européens battaient le pavé aux cris de «l'islam, c'est la mort de l'Europe», démontrant l'incapacité de l'UE à parler d'une même voix et à s'entendre sur une position minimale. Que fera donc à Bruxelles le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, tenant de la ligne dure, qualifié par une responsable allemande, Aydan Ozoguz, d'«extrêmement cynique» et accusé par le chancelier autrichien Werner Faymann de pratiquer une «méthode nazie»?