Des milliers de migrants commencent à débarquer en Allemagne venant d'Autriche Les divergences entre pays de l'UE se traduisent de manière très concrète pour les réfugiés, notamment syriens, qui continuent d'affluer par dizaines de milliers en passant par les Balkans. Jean-Claude Juncker et Angela Merkel ont joint leurs voix hier pour en appeler aux valeurs de l'Europe afin que les pays de l'UE se répartissent immédiatement 160.000 réfugiés, et envisagent d'aller au-delà pour résoudre la pire crise de ce type depuis 1945. «Ce n'est pas l'heure d'avoir peur»: à Strasbourg, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a demandé aux Européens de faire preuve d'audace et de solidarité. A Berlin, la chancelière a martelé qu'elle voulait une répartition «contraignante» des réfugiés, quitte à bousculer sérieusement les plus réticents de ses partenaires européens. Elle s'est dite «ouverte» à l'idée d'un sommet extraordinaire pour aborder au plus vite le sujet au plus haut niveau. Les divergences entre pays de l'UE se traduisent de manière très concrète pour les réfugiés, notamment syriens, qui continuent d'affluer par dizaines de milliers en passant par les Balkans: accueillis sous les vivats en Allemagne, ils se heurtent plus au sud, parfois violemment, aux policiers hongrois qui bloquent la frontière avec la Serbie. M.Juncker a réclamé que les pays membres se mettent d'accord dès la semaine prochaine sur la répartition de 160.000 réfugiés. Ce chiffre correspond à l'addition d'une précédente proposition de répartir 40.000 réfugiés arrivés sur le sol européen, avec une nouvelle proposition d'urgence portant sur 120.000 personnes se trouvant actuellement en Italie, en Grèce et en Hongrie. M.Juncker en a appelé aux grandes valeurs du projet européen. «Il est temps de faire preuve d'humanité et de dignité», a-t-il lancé devant le Parlement européen à Strasbourg. «Les chiffres sont impressionnants», a-t-il reconnu en rappelant que près de 500.000 réfugiés ont frappé à la porte de l'UE depuis le début de l'année. Il a appelé à des actions «audacieuses et déterminées», assurant: «nous avons les moyens d'aider ceux qui fuient la guerre». Le chancelier autrichien Werner Faymann, dont le pays se trouve en première ligne, a immédiatement salué ce discours en réclamant la tenue d'un «sommet spécial» pour accélérer le processus de répartition. M.Juncker a aussi spécifiquement demandé à ce que la religion des réfugiés, venus de pays à grande majorité musulmane, ne soit pas un critère de choix. Le Premier ministre hongrois Viktor Orban, chef de file des opposants à une politique d'ouverture, a jugé récemment que l'afflux de migrants constituait une menace pour «l'identité chrétienne» de l'Europe. En France, certains élus locaux ont fait savoir qu'ils ne voulaient accueillir que des chrétiens. Longtemps plus frileux sur ce dossier son voisin, la France a accueilli hier matin le premier contingent d'un millier d'exilés venus d'Allemagne, que Paris s'est engagé à héberger pour soulager Berlin. L'option des quotas, à laquelle vient de se rallier Paris, place l'Allemagne en première ligne, le pays devant accueillir environ 26% des 160.000 réfugiés, suivi de la France (20%) et de l'Espagne (12%). Mme Merkel a réclamé une «répartition contraignante» entre tous les pays et sans plafond global. Viktor Orban vient, lui, d'annoncer qu'il comptait accélérer le renforcement de la clôture érigée le long de sa frontière avec la Serbie pour tenter de contenir le flux des migrants. Plus déterminés que jamais, des centaines de migrants ont forcé à plusieurs reprises le cordon de la police hongroise à la frontière avec la Serbie. En Allemagne, où deux journaux ont publié hier un vademecum en arabe pour aider les nouveaux arrivants, les spécialistes estiment que la vague d'immigration massive va entraîner une «charge financière et une transformation massive de la société». Mais l'afflux de migrants va aussi contribuer à enrayer le déclin démographique et sera crucial pour le marché du travail en manque de main d'oeuvre.