Une vingtaine de chefs d'Etat et de gouvernement participeront au Sommet du Nepad, prévu pour le 23 novembre prochain. L'Afrique dispose d'un potentiel de financement de projets de développement évalué à quelque 200 millions de dollars. C'est ce qu'a déclaré hier, Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, lors d'une conférence de presse animée à Djenane El-Mithak à Alger. Sous forme de fonds de retraite placés dans des institutions financières occidentales notamment, cette importante somme d'argent pourrait «participer à lutter contre la pauvreté en Afrique», soutient le ministre. M.Messahel a cité cet exemple pour signifier que le problème africain n'est pas tant financier, mais relève d'un ensemble de paramètres qu'il faut prendre en charge pour sortir le continent de son sous-développement. La «bonne gouvernance» passe pour être l'un des éléments fondamentaux de la stratégie africaine, a souligné Abdelkader Messahel qui retient, à ce propos, l'importance du Mécanisme africain d'évaluation par les pairs (Maep) qui tiendra sa deuxième réunion au Sommet, parallèlement à celui qui concernera le Comité de chefs d'Etat et de gouvernement pour la mise en oeuvre du Nepad. Si pour la seconde rencontre qui en est à sa 12e édition, elle passe pour être classique, la réunion du Maep est très instructive à plus d'un titre puisqu'elle comporte des aspects pratiques très importants pour les pays africains qui se soumettent volontairement à des évaluations faites par leurs pairs. Ainsi, Au Sommet d'Alger, «il s'agira de faire le point général sur les progrès depuis le lancement effectif, en mars 2004, du mécanisme africain d'évaluation», dira Messahel qui informera que quatre pays africains que sont le Rwanda, le Ghana, l'île Maurice et le Kenya ont, d'ores et déjà, reçu des missions d'évaluation dans la cadre de ce mécanisme. Signalant que l'Algérie adhère pleinement à la démarche à travers l'installation d'une commission nationale d'évaluation, Abdelkader Messahel annonce que pas moins de 25 pays africains ont déjà souscrit à cette démarche qui passera son premier test de vérité à Alger. A l'occasion du Sommet du 23 novembre prochain, il s'agira, en effet, de voir le mode de financement du Mécanisme qui devra se faire sur fonds africains propres «dans le souci de préserver l'indépendance, la probité et la fiabilité de tout le processus», indiquera le ministre. Une manière diplomatique d'affirmer la volonté des Africains de ne pas être sous influence occidentale ou autre. En fait, il ressort de la conférence de presse du ministre chargé des Affaires maghrébines et africaines, une ambition du continent noir de se prendre effectivement en charge sur les plans politique et économique. Cela dit, si le principe de l'évaluation réciproque ne date que de quelques mois, la refonte des institutions africaines à travers la création de l'Union africaine et autres institutions qui s'y rattachent, a débuté en 2001 et a donné d'excellents résultats, à en croire le ministre. «Le principe retenu lors du Sommet d'Alger de ne reconnaître aucun régime issu d'un coup d'Etat a fait que cette pratique a considérablement baissé en Afrique», soutient Messahel qui cite, à ce propos, les exemples de Madagascar et du Centre-Afrique qui ont vu leur participation à l'UA gelée pour cause d'accession au pouvoir sur un coup de force militaire. Plus que cela, le ministre fait un bilan positif de trois ans d'existence de l'Union africaine, en relevant le nombre de conflits réglés pendant cette période. Questionné sur les problèmes en Côte d'Ivoire et au Darfour, au Soudan, le ministre a mis en exergue le rôle de l'Afrique dans la gestion de ces deux crises qui, dira-t-il, sont en voie de résorption. Enfin, et pour revenir au Nepad, le ministre a tenu à préciser que cette initiative a permis à ce jour l'investissement de 21 milliards de dollars dans des projets de développement.