Cette institution a été partie prenante des nombreuses irrégularités constatées jusqu'ici. M.Abdelaziz Ziari, ministre de la Jeunesse et des Sports, a invité les fédérations sportives à élire «les plus compétents pour prendre les commandes des fédérations». Il était, ainsi, intervenu juste avant l'opération de renouvellement des structures sportives qui a commencé en plein mois de Ramadhan. Le ministre a, en outre, souligné l'importance de choisir «ceux qui viennent enrichir le sport et non s'enrichir du sport» tout en insistant sur la nécessité de «prendre en compte les intérêts du sport algérien et choisir les candidats intègres et amoureux du sport». On ne manquera pas de faire remarquer que ce n'est pas la première fois qu'un ministre de la Jeunesse et des Sports intervient dans ce genre de circonstance même si M.Ziari innove en parlant de «compétents» alors que ses prédécesseurs se gardaient d'y faire référence. D'ailleurs, pour permettre à certaines de ses idées d'être appliquées, le ministre est allé jusqu'à annuler des dispositions des règlements intérieurs de certaines fédérations. Mais cela suffit-il pour garantir aux meilleurs d'accéder à des postes de responsabilités? On en doute. Si les associations sportives (fédérations, ligues, clubs) sont arrivées à un tel degré «d'incompétence» c'est parce qu'elles ont bénéficié d'un laxisme criant de la structure à qui revenait la mission de placer des garde-fous: le ministère de la Jeunesse et des Sports. Celui-ci, il faut le dire clairement, a fui les responsabilités qui étaient les siennes juste après l'avènement de la loi 89/03 sur le sport en ne balisant pas le système et en laissant n'importe quel quidam accéder à des postes de direction des structures sportives. On ne prendra pour exemple que le football au sein duquel évoluent des dizaines de ceux que l'actuel ministre dénonce comme étant «des gens qui s'enrichissent du sport et non qui viennent enrichir le sport». Lorsqu'un DJS vous raconte qu'il a été obligé d'entériner l'AG élective antiréglementaire d'un club de la division 1 juste pour répondre aux injonctions de ses supérieurs qui ne veulent pas avoir de problèmes avec les nouveaux responsables dudit club, on mesure combien le MJS a été fautif. Surtout lorsqu'on sait que les responsables du club en question étaient inéligibles du fait qu'ils n'avaient jamais, auparavant, procédé à la tenue d'une assemblée générale ordinaire pour présenter leurs bilans moral et financier. Mais, dans ce cas précis, on ne manquera pas de stigmatiser le rôle négatif de la wilaya du coin du fait que DJS est, également, placé sous son autorité. Pour avoir le calme dans sa région n'importe quel wali est prêt à fouler aux pieds tous les textes réglementaires quand ils ne sont pas de loi. De même, un président de club vient de se distinguer en semant la pagaille juste avant un match. On n'aurait pas insisté sur ce cas si le monsieur en question n'avait pas été suspendu pour deux ans et proposé pour la radiation à vie en 1999 pour incitation à la violence. Comment se fait-il que 6 années plus tard on le retrouve à la tête du même club? Pour rester dans le football, on garde en mémoire les AG scandaleuses durant la décennie 90, des AG dont on n'avait pas manqué de mettre en exergue le fait qu'elles comportaient beaucoup trop de membres. Rappelons, également, que le MJS était partie prenante du «cirque» qui nous avait été proposé dans la seconde moitié des années 90 jusqu'à pousser la FIFA à venir se mêler de nos histoires. Depuis, on a procédé à la réduction de la composante de l'AG de la FAF mais a-t-on, pour autant, débarrassé cette AG de toutes les «incompétences et de ceux qui viennent pour s'enrichir du sport»? Aujourd'hui, la FAF a un président en la personne de M.Mohamed Raouraoua qui essaie tant bien que mal de sortir de l'ornière la discipline. Il sait, au fond de lui-même, que la tâche est pratiquement insurmontable parce que la plupart de ceux qui nuisent à la discipline sont toujours aux commandes des associations sportives (ligues et clubs). En 2001, un complot avait été mené pour «dégommer» M.Omar Kezzal de la présidence de la FAF sans que le MJS ne lève le petit doigt. Pourtant, en matière de compétence, il n'y a vraiment pas photo entre l'intéressé et ceux qui avaient comploté contre lui. Aujourd'hui, Kezzal n'est plus dans le cercle du football, les comploteurs sont, eux, toujours là et traînent même dans le giron de l'actuel président de la FAF, et si l'on venait à fouiner dans leur CV, on remarquerait qu'ils sont aux commandes de leurs associations sportives respectives depuis près de 20 ans. Comme quoi ils ont pris une part active au pourrissement de la situation. Lorsqu'on évoque le sujet avec M.Raouraoua, il nous répond qu'il «n'est pas de sa compétence de choisir untel ou un autre. Ce n'est pas moi qui organise les AG des ligues et des clubs. Il y a un ministère et ses structures comme les DJS pour le faire. C'est à eux que revient le devoir de baliser le système pour ne choisir que les meilleurs». On ne doute pas que le ministre de la Jeunesse et des Sports veut donner un grand coup de pied dans la fourmilière pour mettre le sport algérien sur les rails de la modernité et de la rigueur en matière de gestion. Il a besoin d'y mettre de la persévérance mais surtout de la volonté car il se heurtera à une très grosse opposition sachant que certains de ceux qui sont en place disposent de puissants soutiens dans les plus hautes sphères de l'Etat.