La démarche «unilatérale» adoptée par le ministère des Transports est, apparemment, contestée par plusieurs parties. «Avant de tourner la page, il faut la lire», disait sans cesse M.Saïd Zermoune, président du Syndicat des officiers de la marine marchande (Snommar), allusion faite à la nécessité de faire toute la lumière sur les causes réelles de la tragédie survenue, il y a de cela une semaine, au port d'Alger. Ne souffrant aucune équivoque, la contribution des commandants de bord des deux navires Béchar et Batna et des gens de la mer dans la commission d'enquête installée par les pouvoirs publics au lendemain du drame, s'avère indispensable. Car, dit-on, côté Snommar, des témoignages et des documents nécessaires pour bien mener le travail de la commission sont à la disposition des marins. C'est pour cela d'ailleurs que le Snommar, par la voix de M.Zermoune, a émis le voeu de faire partie de cette commission. En d'autres termes, «le Snommar reste à la disposition de cette commission pour l'aider et lui fournir tous les renseignements afin de mener à bon port ses investigations», affirme le président du Snommar, lors d'un point de presse animé par les commandants de bord des deux navires. Cependant, le voeu émis par ces derniers ne semble pas être du goût du ministère des Transports. Pour preuve, même si le ministre ne le dit pas ouvertement, il paraît que la proposition du Snommar est exclue du fait que «seule la commission d'enquête est habilitée à s'exprimer sur les causes réelles de l'accident», déclare M.Maghlaoui sur les ondes de la Chaîne I. La crédibilité du travail que mènera la commission d'enquête est d'ores et déjà au centre des controverses, puisque, juge-t-on, les principaux connaisseurs des problèmes des navires sont exclus de la partie. Des indignations ont été déjà formulées au sujet de la démarche «unilatérale» prise par les pouvoirs publics dans le travail d'investigation. Sans vouloir précipiter le travail de la commission, les commandants des deux navires, MM.Lakkel et Chabani en l'occurrence, ont estimé qu'un travail de concertation reste «la seule issue possible» pour faire ressortir un résultat «convaincant». Pour éviter les polémiques, les commandants des deux navires, ainsi que les officiers du Snommar, préfèrent attendre l'annonce des résultats pour faire leurs propres réplique et lecture. Du moins, c'est ce qu'a attesté, hier, M.Saïd Zermoune, porte-parole du Snommar. En outre, d'autres voix s'élèvent pour que la commission des transports de l'APN soit saisie et ce, pour donner, dit-on, plus de crédibilité et d'objectivité au travail qu'effectuera la commission technique et administrative mise en place par le département de M.Mohamed Maghlaoui. Cela dit, la démarche «unilatérale» adoptée par le ministère afin de faire la lumière sur les causes du drame est, apparemment, contestée par plusieurs parties. D'autres préfèrent attendre la fin des investigations pour s'exprimer sur le rejet ou l'approbation des résultats obtenus. Par ailleurs, dans un communiqué rendu public, hier, le Snommar estime que le ministre des Transports est très mal informé quand il déclare que «le SOS aurait dû être lancé plus tôt» car, poursuit le syndicat, «un commandant ne peut raisonnablement lancer un appel de détresse chaque fois qu'un avis de coup de vent est lancé». D'après le Snommar, «le véritable SOS a été lancé le 1er août 2004 par le commandant de bord Chabani», avant de conclure avec les derniers mots du commandant, «après avoir compris que personne n'allait venir à son secours», à savoir «nwekkel alikoum rabbi» c'est-à-dire «Je m'en remets à Dieu». Le Snommar persiste et signe: «Les responsables de Cnan-Group ignorent ce qui se passe sur leurs navires.»