Baya peignait un monde onirique fait de poissons, d'oiseaux et de princesses dans un éclat de couleurs chatoyantes... Cela fait six ans aujourd'hui que l'artiste-peintre Baya Mahieddine nous a quittés, un 9 novembre 1998 à l'âge de 67 ans, à Blida, laissant derrière elle un parcours riche de plus de 50 ans de création. Sa peinture avait été «simplement» ou faussement qualifié de «naïve» dans ce qu'elle a de plus merveilleux en soi. Baya peignait un monde onirique dans lequel nageait des poissons, des oiseaux et des princesses dans un éclat de couleurs chatoyantes. Sa peinture «florale» mettait de la joie dans les coeurs. Elle est partie, mais ses oeuvres sont là pour témoigner d'un travail certain, décliné par la tendresse du geste et l'amour du beau. Baya, de son vrai nom Haddad Fatma, est née le 12 décembre 1931 à Bordj El-Kiffan dans une famille pauvre où se mêlait le sang arabe et kabyle. Ayant perdu ses parents à l'âge de cinq ans, elle est prise en charge par sa grand-mère. En 1942, elle est adoptée par une jeune femme française qui découvre ses dons et vient habiter à Alger. En 1947, Baya expose pour la première à la galerie Maeght à Paris en novembre avec une importante préface d'André Breton, le maître surréaliste qui s'est demandé comment une enfant - elle n'avait que 16 ans - avait pu du premier coup découvrir les secrets que Matisse a mis 60 ans à découvrir. Des textes d'Emile Dermenghem et de Jean Perissac, ont enrichi le catalogue de l'exposition. Les oeuvres de Baya d'un dessin pur, aux couleurs fascinantes ont stupéfié Braque. Un an après, Baya séjourne à Vallauris, où elle réalise des terres cuites à la poterie «Madoura» éveillant la curiosité de Picasso, avec qui elle a travaillé pendant un mois, durant lequel des relations amicales se sont développées entre les deux artistes. En 1953, Baya se marie avec le chanteur-compositeur de la chanson andalouse, Hadj Mahfoud Mahieddine, issu d'une famille traditionnelle à Blida, avec qui elle aura six enfants. De 1954 à 1962, Baya cesse toute activité artistique pendant la guerre d'Algérie et se consacre à sa famille. L'année 1963 sera marquée par la présentation des oeuvres anciennes de Baya par Jean De Maisonseul au Musée national des Beaux-Arts d'Alger dont il est le premier conservateur. Elle se remet à peindre... avec obstination, les mêmes variantes thématiques : femmes et enfants, grands oiseaux, instruments de musique par sublimation, paysages de labyrinthe aux mosquées de rêve...cernées d'un sûr trait noir. Aujourd'hui, ses oeuvres se trouvent dans des collections, de Cuba au Japon, en passant par le Musée national des Beaux-Arts d'Alger, le Musée d'art moderne de Paris, le Musée Cantini de Marseille, le Musée d'art brut de Lausanne, l'Institut du monde arabe à Paris...Grâce à sa peinture, Baya avait fait le tour du monde en exposant, en France, à La Havane (Cuba), au Koweït, au Maroc, à Washington (USA), à Ankara (Turquie), en Tunisie... A propos de son trait, Jean De Maisonseul a écrit: «C'est le mystérieux secret de Baya que ce surgissement des sources les plus lointaines du mythe et du rêve, dont certains savent retrouver la clef». Tandis qu'André Breton a dit : «Baya, qui tient et ranime le rameau d'or». Grâce à son fils Othmane, Baya a été consacrée l'année dernière lors d'une superbe exposition dans le cadre de Djazaïr, l'Année de l'Algérie en France.