Il devra gérer les conséquences commerciales et judiciaires de l'affaire. Le colosse automobile Volkswagen s'est choisi un nouveau patron, le chef de Porsche, Matthias Müller, qui a promis que toute la lumière serait faite sur l'affaire des moteurs truqués et que le groupe, profondément ébranlé, allait s'en remettre. Comme cela était pressenti, les 20 membres du conseil de surveillance réunis au siège de Volkswagen à Wolfsburg, dans le nord de l'Allemagne, ont désigné M.Müller, 62 ans et à la tête de Porsche depuis 2010, pour succéder à Martin Winterkorn. A l'issue de plusieurs heures de réunion, le chef de l'organe de contrôle Berthold Huber a évoqué à propos de l'affaire «un désastre moral et politique» pour l'entreprise, numéro un mondial de l'automobile fort de 590.000 salariés. Mais «nous pouvons et nous allons surmonter cette crise» et faire de Volkswagen un groupe plus fort, a promis M.Müller, grand amateur de football et de sports automobiles et pur produit de l'empire Volkswagen. M.Winterkorn, aux commandes depuis 2007, avait démissionné mercredi dernier, assumant la pleine responsabilité du scandale qui a éclaté il y a une semaine aux Etats-Unis, et qui a depuis ébranlé le secteur automobile. M.Winterkorn est parti en affirmant n'avoir rien su du logiciel implanté sur les moteurs diesel de quelque 11 millions de voitures dans le monde, et destiné à fausser les résultats des tests antipollution. Sur ce nombre, 2,8 millions sont en circulation en Allemagne, a annoncé le ministre allemand des Transports. Le groupe a indiqué que 5 millions de véhicules de la marque Volkswagen (Golf de 6e génération, Passat de 7e génération, Tiguan) étaient concernés dans le monde, tous équipés de moteurs diesel EA 189. Bernd Osterloh, président du comité d'entreprise et membre du conseil de surveillance, a imputé la responsabilité de la tricherie à «un petit groupe de personnes» qui ont causé «un énorme préjudice» à Volkswagen. M.Huber a indiqué que «plusieurs personnes», sans en préciser ni l'identité ni le nombre, avaient été mises à pied, au moins pendant la durée de l'enquête qui a été ouverte à la suite d'une plainte de la société. Le nouveau patron devra gérer les conséquences commerciales et judiciaires de l'affaire. Sur le papier, l'année 2015 se présentait sous les meilleures auspices pour Volkswagen, mastodonte aux douze marques, qui a récemment détrôné le Japonais Toyota de la place de numéro un mondial des ventes. Matthias Müller devra aussi remettre à plat la stratégie d'un groupe énorme - 10 millions de voitures vendues en 2014, 202 milliards d'euros de chiffre d'affaires - géré jusqu'alors de manière très centralisée. Parmi les autres défis figure le marché chinois, fer de lance de la croissance, mais où les ventes de Volkswagen ont reculé de 5,8% depuis le début de l'année. L'absence de voiture à bas prix au sein du groupe et les retards sur l'électrique sont d'autres points noirs.