Malgré le soutien militaire de l'Otan, l'armée afghane piétinait hier à Kunduz face aux rebelles taliban, qui deux jours après avoir pris cette grande ville du nord lors d'un assaut éclair se sont rapprochés de la zone stratégique de l'aéroport. Kunduz restait à la mi journée très largement contrôlée par les taliban, une première depuis la chute de leur régime en 2001 et un très grave revers pour le président Ashraf Ghani, et par extension pour ses alliés occidentaux emmenés par les Etats-Unis. Les insurgés, qui circulaient notamment dans la ville à bord de véhicules de police et de camionnettes du Croix-Rouge volés, y ont promis d'y appliquer leur version rigoriste de la charia. Mardi, c'est de l'aéroport, situé à moins de 10 km du centre-ville, que les troupes gouvernementales avaient lancé leur contre-offensive pour tenter de les déloger. Dans la nuit, les taliban ont toutefois réussi à progresser, et d'âpres combats ont eu lieu dans les environs de l'aéroport. L'armée américaine, qui bombarde régulièrement les foyers rebelles dans l'est du pays, a de son côté procédé depuis mardi matin à au moins trois bombardements dans la zone pour tenter de contenir les combattants islamistes. Mais les soldats afghans attendaient des renforts supplémentaires pour intensifier leur contre offensive. Les forces gouvernementales ne peuvent plus compter sur le soutien des troupes de l'Otan sur le terrain, depuis la fin de leur mission de combat en décembre. En revanche des soldats des forces spéciales de pays de l'Alliance sont sur place pour aider leurs homologues, sans que l'Otan ne précise leur nombre et la teneur de leur mission (conseil, formation ou combat actif). Selon une source militaire occidentale, qui a souhaité garder l'anonymat, il s'agit notamment de soldats d'élite américains, britanniques et allemands. La tâche de l'armée afghane et de ses alliés dans la ville de Kunduz est très ardue, car «l'ennemi utilise des habitants comme boucliers humains», a souligné le président Ghani. Il était difficile de vérifier les quelques informations qui émergeaient sur le nombre de victimes des combats. Le ministère afghan de la Santé a évoqué de 30 morts et 200 blessés. Mardi, M. Ghani avait assuré ses compatriotes que ses forces avançaient dans la ville. Le quartier général de la police et la prison de Kunduz, vidée lundi de ses détenus par les insurgés, ont été repris à la faveur de cette contre-offensive, a assuré le ministère de la Défense. Sur les 600 prisonniers libérés, «110 étaient des taliban», a indiqué Rahmatullah Nabil, le chef du renseignement afghan. «Nous avons confiance dans la capacité (des forces afghanes) à défaire les taliban à Kunduz», a déclaré à Washington le porte-parole du Pentagone Peter Cook. La prise de Kunduz et l'émergence, pour l'instant limitée, du groupe Etat islamique en Afghanistan ne manqueront pas d'alimenter le débat sur la date du retrait total des troupes américaines, envisagé à la fin 2016 par Washington.