Interrogé par un membre du Conseil de la nation à propos de l'ampleur prise par ce phénomène au sein des universités algériennes, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a déprécié une pratique qui tend à devenir un sport national. Existe-t-il un seuil pour qualifier de minime le plagiat dans la recherche scientifique? Apparemment oui selon les déclarations pour le moins surprenantes du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, sauf que ce dernier ne le chiffre pas. Interrogé, jeudi, par un membre du Conseil de la nation à propos de l'ampleur prise par ce phénomène au sein des universités algériennes, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a déprécié un exercice qui tend à devenir un sport national. «Le ministère déploie d'intenses efforts en vue de lutter contre ce phénomène qui demeure minime dans notre pays par rapport à d'autres pays et ce au niveau des différentes structures dont les conseils scientifiques, outre la prise de mesures répressives et d'autres préventives» a-t-il banalement répondu. Une déclaration paradoxale qui met le ministre dans une situation inconfortable. Pourquoi en effet déployer d'intenses efforts pour éradiquer un phénomène considéré comme insignifiant? M.Hadjar ne l'explique pas. A-t-il été surpris par ce type de question? Le flou revêtu par sa réplique le laisse en tous les cas supposer. On serait même tenté de dire qu'elle nous laisse sur notre faim tant son argumentaire est fragile. Il laisse entendre de surcroît et clairement que l'université est gangrénée par ce phénomène. Pas de bilan chiffré cependant du nombre de thèses, d'articles ou de recherches scientifiques plagiés. Le sujet est trop sensible pour le traiter de manière aussi légère. Il y va de la crédibilité de l'université et de l'intelligence qu'elle est censée produire. Les plagiaires sont légion et ont été même débusqués par leurs propres collègues. Cela ne les a pas empêchés outre mesure de mener leur petit bonhomme de chemin, d'encadrer, thèses et mémoires, de gravir les échelons, d'occuper des postes à responsabilité au sein des universités sans que personne ne crie au scandale. Une sorte d'omerta qui constitue un terreau pour tricheurs de tout acabit. Qu'a-t-on fait pour les débusquer et les sanctionner? Le ministre se limitera à des déclarations qui s'apparentent à un cours magistral. L'image de l'université est égratignée. Quels garde-fous ont été mis en place pour la préserver de l'escroquerie intellectuelle? «L'obligation pour les chercheurs de déposer leurs recherches avant et après la soutenance, outre la création d'un portail électronique consacré à la publication et la diffusion des recherches scientifiques pour leur assurer un lectorat plus large et limiter les tentatives de plagiat» font partie des mesures adoptées à cet effet a indiqué Tahar Hadjar. Des réponses évasives à des questions sérieuses qui ne font que tanguer davantage «L'Université algérienne» qui se morfond dans les profondeurs des classements mondiaux lorsqu'elles n'y apparaissent même pas (Times Higher Education, Shanghaï...). L'arsenal déployé pour lutter efficacement contre les fraudeurs est trop fragile. Il comporte des failles à travers lesquelles il leur est aisé de se faufiler. «Au niveau mondial, un programme informatique a été développé pouvant détecter les cas de plagiat scientifique mais uniquement dans les recherches rédigées en latin et pas à celles en arabe», a reconnu le successeur de Mohamed Mebarki. L'arnaque à grande échelle a encore de beaux jours devant elle...