Le budget de la CNR prévoit même un excédent de 15 milliards de dinars pour l'exercice actuel. «Nous réclamons, le remboursement intégral des dépenses engagées avec les fonds des retraités», lance Abdelmadjid Azzi, le secrétaire général de la Fédération nationale des retraités (Fntr) au cours d'une réunion tenue hier, à l'hôtel El Kettani Alger. Ce dernier contrarie l'Exécutif pour crier à qui veut l'entendre que «la Caisse de retraite est en très bonne santé financière». Le budget de la CNR prévoit même un excédent de 15 milliards de dinars pour l'exercice actuel, selon les chiffres de Azzi. «L'argent existe, le seul problème que nous rencontrons, c'est cette ingérence sans limite du gouvernement dans les affaires de la caisse». Une ingérence «fatale» qui porte un grand préjudice financier à un fonds destiné exclusivement à couvrir les pensions des retraités. Toujours selon l'orateur, l'application de l'ordonnance 97-13 relative au départ à la retraite sans condition d'âge et à la retraite proportionnelle, a engendré une perte estimée à 75 milliards de dinars à la fin de l'année 2003 pour la CNR. «Il faut savoir que cette retraite n'est financée par aucune cotisation, ce qui a amené les pouvoirs publics à puiser dans le fonds de la CNR pour couvrir ses dépenses non prévues». Ce n'est pas tout, 10 milliards de dinars ont été débloqués dans le cadre du filet social. Et d'ajouter que la Fédération revient sur la dernière revalorisation des pensions des retraités, pour dénoncer l'attitude du ministre du Travail et de la Sécurité sociale, qui «pour la première fois depuis dix ans», n'a pas tenu compte des propositions du conseil d'administration. Rappelons que le ministre a estimé que les moyens financiers de la CNR pouvaient être mis en danger dans le cas où les taux proposés (5% et 8%) seraient appliqués. «Un argument non fiable», qualifie le premier responsable de la Fédération des retraités. L'autre événement qui a soulevé l'ire des retraités concerne la décision prise le 8 août par le chef du gouvernement, de transférer les fonds des Caisses de sécurité sociale placés dans des banques, même publiques, pour générer des intérêts, vers le Trésor public. «Ce qui est choquant à travers cette décision, c'est d'abord son caractère de coup de force, dès lors que les propriétaires légitimes de ce fonds, en l'occurrence les employeurs et les travailleurs, n'ont pas été consultés» atteste M.Azzi. Cette mesure a privé les caisses de ressources supplémentaires provenant des fonds placés auprès des banques. «Pour la CNR, la démobilisation, avant terme, de ces fonds s'est traduite par une perte de 1,5 milliard de dinars.» Cette mesure ne vise qu'à assurer une utilisation plus efficiente de ses ressources, ne cessent de déclarer les autorités. «Si cela est vrai, qu'elles nous expliquent alors pourquoi le Trésor public n'accorde qu'un intérêt de 0,63% pour un placement d'une année, au moment où les banques publiques acceptent jusqu'à 3,5%.» «Ces graves dérives» des pouvoirs ont un dénominateur commun, celui poursuit l'orateur de «la mise en oeuvre d'une politique pernicieuse, tendant à réduire au maximum les moyens financiers de la Caisse, afin de justifier les réformes préconisées par le FMI et la Banque mondiale». Sur un autre sujet, Azzi a affirmé que 50% des directeurs d'agences de la CNR ne sont pas nommés officiellement, ce qui explique les «dérives» constatées chez certaines d'entre elles, une responsabilité qui incombe au ministère du Travail.