Le candidat à l'émigration clandestine doit s'acquitter du «billet» dont le prix varie de 100.000 à 200.000 dinars. C'est parti! La harraga, ou encore le rêve de rallier l'eldorado incertain, est lancé poussant les garde-côtes de la façade maritime de la partie ouest du pays à renforcer leur présence en mer, tout en doublant leurs interventions et leur vigilance des côtes au large. Tout compte fait, les bilans des opérations déclenchées en pleine mer sont concluants. Durant les dernières 24 heures, pas moins de 12 candidats à l'émigration clandestine, dont deux filles et un mineur, ont, dans la première opération déclenchée, été interceptés à quelque 20 miles au large de Mila, pas loin de la commune de Bousfer. Les harraga sont tous originaires de la wilaya d'Oran. Le groupe a été repéré suite à une simple patrouille effectuée par les garde-côtes d'Oran. L'opération avait été lancée après avoir constaté qu'un zodiac avait pris la destination de l'Europe, très précisément vers l'Espagne. Dans la nuit de dimanche à lundi dernier, les mêmes services ont réussi à stopper le voyage hautement périlleux de pas moins de 24 candidats à l'émigration clandestine. Ces derniers sont tous originaires d'Oued Tlélat, localité située à l'extrême ouest de la wilaya d'Oran. Ils ont été interceptés à 7 miles de la plage de Kristel, administrativement rattachée à la municipalité de Gdyel. Une autre opération lancée lundi dernier s'est soldée par la neutralisation d'un groupe composé de 16 harraga qui ont bravé les dangers de la mer en embarquant à bord d'une embarcation de fortune, prenant la destination de l'Europe à partir des plages somptueuses de Bouzedjar. Ces voyages «organisés» par des tierces personnes spécialisées dans l'expédition des Algériens droit vers la mort sont dans la plupart des cas payants. Chacun des candidats a des «illusions» puisque irréalisables ou cherche simplement une vie «meilleure». Avant même son embarquement, il est appelé à se prémunir d'une discrétion totale en s'engageant fermement sans aucune idée de renonciation, dans l'aventure tout en s'acquittant du «billet» au prix onéreux allant de 100.000 à 200.000 dinars. Ces montants, réglés à l'avance rubis sur l'ongle, servent à la mise à disposition des postulants à la mort d'embarcations de fortune pour la pleine mer. En dépit de la décapitation par les services de sécurité de plusieurs dizaines de têtes de ces réseaux hautement spécialisés, le phénomène est resté tel quel depuis son apparition au début de ce 3e millénaire. En plus de l'étau qui se ressert davantage sur ce phénomène, les pays de l'UE semblent appliquer leur résolution, en s'attaquant aux réseaux de cette nouvelle forme de «traite humaine»: les passeurs des migrants clandestins. Des mesures sont souvent porteuses surtout celles relatives à l'échange d'informations. Tout récemment, les autorités espagnoles ont adressé un rapport détaillé aux autorités algériennes concernées. Le rapport était focalisé essentiellement sur le cas d'un Algérien âgé à peine d'une trentaine d'années. Il était impliqué dans l'organisation des voyages d'un bon nombre de candidats à la vie du type ibérique. Son signalement a été donné aux policiers de la Guardia par les harraga interceptés en terre espagnole. En Algérie, l'enquête minutieuse ouverte par la police judiciaire de la daïra d'Aïn Turck a fini par l'arrestation du mis en cause en flagrant délit, l'individu s'apprêtait à assurer la traversée à plusieurs jeunes. Ces candidats ont réussi à prendre la fuite. Les premières informations arrachées, le passeur s'est avéré un habitué de cet exercice, connu dans le milieu. Est-ce le prélude vers la fin ou encore tout au moins l'atténuation du phénomène, la harga et ses passeurs? Pour le moment, les garde-côtes de la façade maritime de l'Ouest sont sur le qui-vive permanent. Une chose est sûre, la coopération rentrant dans le cadre de la lutte contre ce phénomène s'est renforcée entre les pays méditerranéens. Lors de leur réunion mensuelle, le mois de juin 2015 à Luxembourg, les ministres des Affaires étrangères de l'UE ont lancé une mission navale de lutte contre le trafic de migrants en Méditerranée. Cette mission se limite, dans un premier temps, à la surveillance accrue des réseaux de passeurs.